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Céphalée par surconsommation médicamenteuse/ Céphalée par abus médicamenteux

1. Qu'est-ce que les céphalées par surconsommation médicamenteuse ?

Selon les critères de l'International Headache Society (IHS), les céphalées par surconsommation médicamenteuse sont caractérisées par une persistance de 15 jours ou plus par mois pendant au moins 3 mois, qui sont déclenchées par l'utilisation régulière de médicaments contre les céphalées symptomatiques pendant au moins 10 ou 15 jours par mois, et non attribuables à une autre cause.

En général, elle apparaît chez des patients souffrant de céphalées primaires, comme la migraine ou les céphalées de tension.

Dans la dernière version de l'ICHD-3 en 2018, la céphalée par abus médicamenteux est considérée comme une céphalée secondaire.

Dans la population générale, on constate une prévalence de 1 à 2 % de céphalée par abus médicamenteux. Elle est plus fréquente chez la femme que chez l’homme.

2. A quoi est-ce du ?

Il est estimé qu'une surconsommation de médicaments peut provoquer des céphalées en raison d'un système nerveux excessivement sensible. En d'autres termes, les cellules nerveuses du cerveau, qui déclenchent la douleur, sont trop facilement stimulées. Il est possible qu'une prédisposition génétique soit également en cause.

Facteurs de risque

Une utilisation fréquente ou quotidienne de médicaments pour traiter les céphalées aiguës peut augmenter la fréquence des céphalées et mener à une céphalée épisodique devenant chronique.
Les médicaments les plus fréquemment utilisés par les personnes souffrant de céphalées par abus de médicaments :

  • Les opiacés,
  • Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS),
  • Paracétamol ou aspirine,
  • Les triptans (traitements de crises pour la migraine).

Il existe d'autres facteurs de risque qui peuvent être :

  • Des antécédents de troubles liés à la consommation d'alcool ou d'autres substances,
  • Les céphalées primaires, telles que la migraine et les céphalées de tension,
  • Des douleurs chroniques,
  • Des troubles psychiatriques tels que la dépression ou les troubles anxieux,
  • Le stress.

3. Quels sont les symptômes ?

Les céphalées surviennent quotidiennement ou presque tous les jours, souvent au réveil.

Les personnes peuvent ressentir :

  • Des nausées ;
  • Une irritabilité ;
  • Des difficultés de concentration ou de mémoire.

La localisation et le type de douleur due aux céphalées varient d’une personne à l’autre.

4. Comment sont-ils diagnostiqués ?

Pour poser un diagnostic de céphalées par surconsommation de médicaments, les médecins se fondent sur la fréquence d'utilisation excessive de médicaments par les patients et l'occurrence de leurs céphalées, accompagnés d'un examen clinique.

Selon la classification internationale des céphalées1, les critères diagnostiques des céphalées par abus médicamenteux comprennent :

  • Céphalées qui se produisent au moins 15 jours par mois chez un patient présentant un trouble de céphalées préexistant ;
  • Une sur utilisation régulière d'un ou plusieurs médicaments pris pour le traitement aigu des céphalées pendant plus de 3 mois (ces médicaments comprennent les triptans, les opiacés ou des antalgiques combinés pris plus de 10 jours par mois ou un seul antalgique non opiacé tel que le paracétamol, l'aspirine ou un autre AINS pris plus de 15 jours/mois) ;
  • Aucun autre type de céphalée qui n’explique les symptômes.

Il n'est pas nécessaire de réaliser une neuro-imagerie de routine. Dans de rares cas, une tomodensitométrie (TDM) ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) est effectuée pour exclure d’autres affections.

Les céphalées dues à une utilisation excessive de médicaments doivent être différenciées de la céphalée primaire (migraine, céphalées de tension…), qui provoque généralement des symptômes concomitants.


1 Headache Classification Committee Of The International Headache Society (IHS) The International Classification Of Headache Disorders, 3rd Edition » , 2018

5. Quelle en est la prise en charge ?

Les céphalées causées par l'abus de médicaments peuvent être traitées en ambulatoire ou en hospitalisation. Parfois, il est nécessaire d'utiliser des médicaments en intraveineuse. Les patients qui ont des céphalées dues à une utilisation excessive d'opiacés doivent être traités en milieu hospitalier.

Les médicaments préventifs (ex : le topiramate, le botox, les anticorps CGRP Vyepti, ajovy, emgality) sont habituellement commencés en premier et le médicament utilisé en excès, est ensuite arrêté.

En général, l'arrêt du traitement utilisé en excès se fait brutalement, sauf pour ceux qui consomment des doses importantes d'opioïdes, de barbituriques ou de benzodiazépines, où une réduction progressive du médicament sur une période de 2 à 4 semaines peut être nécessaire.

L’arrêt de ces médicaments peut provoquer des symptômes tels que nausées, agitation, anxiété et sommeil de mauvaise qualité. L’arrêt de n’importe quel type d’analgésique peut entraîner des céphalées qui sont plus fréquentes, qui durent plus longtemps et qui deviennent plus intenses. Après l’arrêt d’un médicament, les symptômes peuvent durer de quelques jours à 4 semaines.

Les médicaments de transition sont utilisés pour prévenir les symptômes de céphalées liés au sevrage. Les médicaments de transition doivent être différents du médicament pour les céphalées par rapport à celui qui a causé les céphalées par surconsommation. Il est recommandé par les médecins de limiter la prise de médicaments de transition à moins de deux fois par semaine, si cela est possible.

Les traitements de transition comprennent :

  • Des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)
  • Corticoïdes
  • Dihydroergotamine (médicament dérivé de l’ergot de seigle)
  • Diphénhydramine (un antihistaminique)
  • Clonidine (préférée si le médicament sur utilisé était un opioïde)
  • Phénobarbital (utilisé pour prévenir les crises de sevrage si le médicament utilisé en excès était un barbiturique)

Le biofeedback et d’autres techniques cognitives (telles que les techniques de relaxation, l’hypnose et la gestion du stress) peuvent aider les personnes à contrôler, réduire ou gérer leurs céphalées en modifiant la façon dont elles focalisent leur attention. Le biofeedback aide les individus à gérer la douleur.

6. Quels sont les gestes prévention à adopter ?

Pour prévenir les maux de tête liés à une surconsommation de médicaments, il est important :

  • De tenir un agenda des céphalées.
  • De connaître la notion pré-abus : prise d’un traitement de crise au moins deux jours par semaine depuis plus de 3 mois.
  • De rechercher s’il y a un trouble anxieux pouvant conduire à des prises de médicaments anticipatoires.
  • D’informer sur le risque de consommer des substances psychoactives telles que le tabac, le café, le thé, le coca-cola et les analgésiques pour un problème douloureux chronique autre que la migraine.
  • De prendre soin de soi (dormir suffisamment, rester hydrater, faire de l’exercice, limiter la consommation de caféine…)
  • Apprendre à la personne à distinguer les céphalées des migraines afin de ne pas prendre un traitement de crise spécifique à la migraine.
  • Proposer des programmes d’éducation thérapeutique pour prévenir la rechute.

Il est conseillé aux personnes d’éviter de prendre des médicaments précédemment surconsommés. En outre, elles sont encouragées à apprendre et à adopter des habitudes de vie saines.

Ressources et liens utiles

 


Fiche rédigée par Clarisse M. relue par Marion Cahen. Mise en ligne le 28-07-2025.
Sources :