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Comprendre et dépister les violences

Les personnes en situation de handicap sont plus exposées que la population générale aux violences et aux discriminations. Cette fiche a pour objectif de sensibiliser à l’ampleur du problème et de rappeler l’importance d’une prise en charge adaptée.

Si vous êtes concerné, retrouvez dans notre fiche dédiée l’ensemble des recours possibles et les dispositifs d’aide disponibles par ici.

1. Que disent les chiffres ?

En France, les données disponibles mettent en évidence une situation particulièrement préoccupante :

  • 4 femmes sur 5 en situation de handicap déclarent avoir été victimes de violences.
  • Au cours des deux dernières années, 7,3 % des personnes en situation de handicap ont subi des violences physiques et/ou sexuelles.
  • Sur la même période, 7,3 % ont été exposées à des menaces et 15,4 % ont été victimes d’injures.

Chez les enfants en situation de handicap :

  • Le risque de subir des violences est 2 fois plus élevé que pour les autres enfants.
  • 40 % sont confrontés à une forme de harcèlement..
  • Environ 7 680 enfants en situation de handicap sont victimes de violences sexuelles chaque année.

2. Quelles formes de violences ?

Les personnes en situation de handicap peuvent être confrontées à différentes formes de violences. Ces violences peuvent être isolées ou se cumuler, avec des conséquences graves sur la santé, la sécurité et l’autonomie.

  • Violences physiques
    • Atteintes directes au corps de la personne.
    • Exemples : coups, gifles, secousses, privation de soins ou de nourriture, contention non justifiée, refus d’aide pour les gestes essentiels (se lever, manger, s’habiller).
  • Violences sexuelles
    • Tout acte ou comportement à caractère sexuel imposé, sans consentement ou en profitant de la vulnérabilité de la personne.
    • Exemples : attouchements, propos ou gestes déplacés, exposition forcée à des contenus sexuels, viol, stérilisation forcée, examens gynécologiques réalisés sans explication ni consentement.
  • Violences psychologiques
    • Atteintes à la santé mentale et au bien-être émotionnel.
    • Exemples : menaces, pressions, culpabilisation, chantage, infantilisation, isolement forcé, privation de communication, surveillance abusive, harcèlement moral.
  • Violences verbales
    • Propos ou comportements humiliants, dégradants ou blessants.
    • Exemples : insultes, moqueries, surnoms péjoratifs, propos stigmatisants sur le handicap ou la maladie, cris répétés.
  • Violences économiques
    • Atteintes liées à la gestion des ressources financières ou matérielles.
    • Exemples : vol d’allocations, confiscation de moyens de paiement, interdiction de gérer ses propres ressources, refus injustifié de laisser la personne décider de ses achats.
  • Violences administratives
    • Refus ou entraves dans l’accès aux droits et aux démarches.
    • Exemples : refus de mettre en place les aménagements nécessaires, perte volontaire de dossiers, non-respect des délais légaux.
  • Violences médicales et institutionnelles
    • Atteintes liées à des soins inadaptés, imposés ou réalisés sans consentement éclairé.
    • Exemples : gestes médicaux douloureux imposés, non-respect de l’intimité, refus de soulagement de la douleur, maltraitances en établissement de soins, d’accompagnement ou d’hébergement.

3. Comment dépister les violences ?

Un dépistage systématique des violences chez les personnes en situation de handicap est essentiel. Ces violences sont souvent sous-déclarées et peuvent passer inaperçues si elles ne sont pas recherchées activement. Le dépistage repose sur plusieurs axes complémentaires :

A. Repérer les signaux d’alerte

Certains signes doivent attirer l’attention des proches, aidants et professionnels :

  • Changements de comportement : mutisme, repli sur soi, perte d’intérêt pour les activités habituelles, troubles du sommeil ou de l’alimentation, agressivité, crises de colère, hyperactivité, manifestations d’anxiété ou de dépression.
  • Blessures inexpliquées ou récurrentes, incompatibles avec les explications données, ou discours contradictoires.
  • Aggravation du handicap ou apparition de nouveaux troubles sans explication médicale claire.
  • Douleurs chroniques ou persistantes sans cause identifiée, plaintes somatiques multiples.
  • Isolement accru, perte de confiance, peur de certaines personnes ou situations.

B. Favoriser un dialogue adapté

L’écoute et la parole de la personne sont centrales dans le dépistage :

  • Poser des questions simples, directes et respectueuses, sans suggérer de réponse.
  • S’adapter au mode de communication utilisé : oral, écrit, pictogrammes, gestes, langue des signes, outils numériques ou autres supports adaptés.
  • Utiliser le FALC (Facile à Lire et à Comprendre) ou d’autres outils de communication inclusive si besoin.
  • Créer un cadre de confiance et de confidentialité, en veillant à l’absence de la personne potentiellement mise en cause lors de l’entretien.

C. Mobiliser l’entourage et les professionnels

La vigilance doit être partagée entre tous les acteurs :

  • Proches et aidants : ils sont souvent les premiers témoins de changements inquiétants.
  • Professionnels de santé : médecins, infirmiers, psychologues peuvent détecter des signes cliniques ou émotionnels de maltraitance.
  • Professionnels éducatifs et sociaux : enseignants, éducateurs, accompagnants doivent être sensibilisés au repérage des violences.
  • Institution ou établissement : chaque structure doit mettre en place des procédures de prévention, de repérage et de signalement.

D. Renforcer la formation et le signalement

  • La formation des professionnels (santé, éducation, social, justice) est indispensable pour mieux reconnaître et prendre en charge les situations de violences.
  • Un signalement précoce aux autorités compétentes (médecin référent, cellule de protection de l’enfance, police/gendarmerie, ARS en cas de maltraitance institutionnelle) est nécessaire pour protéger la personne.
  • Une orientation vers un centre régional du psychotraumatisme (CRP) peut être proposée. Ces structures assurent une prise en charge spécialisée des victimes, avec un accompagnement psychologique et médical adapté.