Un dépistage systématique des violences chez les personnes en situation de handicap est essentiel. Ces violences sont souvent sous-déclarées et peuvent passer inaperçues si elles ne sont pas recherchées activement. Le dépistage repose sur plusieurs axes complémentaires :
A. Repérer les signaux d’alerte
Certains signes doivent attirer l’attention des proches, aidants et professionnels :
- Changements de comportement : mutisme, repli sur soi, perte d’intérêt pour les activités habituelles, troubles du sommeil ou de l’alimentation, agressivité, crises de colère, hyperactivité, manifestations d’anxiété ou de dépression.
- Blessures inexpliquées ou récurrentes, incompatibles avec les explications données, ou discours contradictoires.
- Aggravation du handicap ou apparition de nouveaux troubles sans explication médicale claire.
- Douleurs chroniques ou persistantes sans cause identifiée, plaintes somatiques multiples.
- Isolement accru, perte de confiance, peur de certaines personnes ou situations.
B. Favoriser un dialogue adapté
L’écoute et la parole de la personne sont centrales dans le dépistage :
- Poser des questions simples, directes et respectueuses, sans suggérer de réponse.
- S’adapter au mode de communication utilisé : oral, écrit, pictogrammes, gestes, langue des signes, outils numériques ou autres supports adaptés.
- Utiliser le FALC (Facile à Lire et à Comprendre) ou d’autres outils de communication inclusive si besoin.
- Créer un cadre de confiance et de confidentialité, en veillant à l’absence de la personne potentiellement mise en cause lors de l’entretien.
C. Mobiliser l’entourage et les professionnels
La vigilance doit être partagée entre tous les acteurs :
- Proches et aidants : ils sont souvent les premiers témoins de changements inquiétants.
- Professionnels de santé : médecins, infirmiers, psychologues peuvent détecter des signes cliniques ou émotionnels de maltraitance.
- Professionnels éducatifs et sociaux : enseignants, éducateurs, accompagnants doivent être sensibilisés au repérage des violences.
- Institution ou établissement : chaque structure doit mettre en place des procédures de prévention, de repérage et de signalement.
D. Renforcer la formation et le signalement
- La formation des professionnels (santé, éducation, social, justice) est indispensable pour mieux reconnaître et prendre en charge les situations de violences.
- Un signalement précoce aux autorités compétentes (médecin référent, cellule de protection de l’enfance, police/gendarmerie, ARS en cas de maltraitance institutionnelle) est nécessaire pour protéger la personne.
- Une orientation vers un centre régional du psychotraumatisme (CRP) peut être proposée. Ces structures assurent une prise en charge spécialisée des victimes, avec un accompagnement psychologique et médical adapté.