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Spondyloarthrites

Les spondylarthrites sont un groupe de rhumatismes inflammatoires chroniques, qui affecte environ 300 000 personnes en France. Le plus souvent, la maladie débute chez les jeunes adultes vers 20 à 30 ans.

1. Qu’est-ce que les spondyloarthrites ?

Les spondyloarthrites désignent un groupe de rhumatismes inflammatoires chroniques qui ont certaines manifestations similaires ainsi qu’un terrain génétique commun.

Elles se caractérisent par une inflammation des enthèses, qui sont les zones d’attache des tendons et ligaments sur les os. Cette inflammation s'accompagne d’une dégradation progressive des articulations et est liée à un dysfonctionnement du système immunitaire.

Généralement, les spondyloarthrites affectent les articulations au niveau de la colonne vertébrale et du bassin (forme axiale) et/ou des membres (forme périphérique). Elles peuvent également affecter d’autres parties du corps comme les yeux.

2. Quelles en sont les causes ?

Les spondyloarthrites ont souvent une origine génétique. Environ 20 à 30 % des personnes atteintes ont aussi des proches touchés par des maladies liées, comme l’uvéite (inflammation de l’œil), des problèmes intestinaux (entérocolopathie) ou encore le psoriasis (maladie de la peau).

Un élément clé dans cette prédisposition génétique est la présence du gène HLA-B27. Ce gène semble jouer un rôle dans le développement de ces maladies et explique pourquoi certaines formes de spondyloarthrite sont plus fréquentes dans certaines familles. Mais l’absence de ce gène n’exclut pas la maladie, tout comme sa présence ne suffit pas à poser un diagnostic puisque 97% des personnes ayant ce gène ne développeront jamais la maladie.

3. Quelles sont les différentes formes ?

Il existe cinq formes principales de spondylarthrites.

  • La forme la plus typique et la plus sévère.
  • Elle affecte principalement la colonne vertébrale et les articulations sacro-iliaques, et s’accompagne de raideurs et d’une ossification progressive des enthèses.
  • Elle atteint également les membres périphériques chez une personne sur deux et peut également toucher certaines autres zones du corps. 
  • L'uvéite antérieure aiguë est la manifestation extra-articulaire la plus fréquente. Il s'agit d'une inflammation de la membrane interne de l’œil présente dans 10 à 30 % des cas.

  • Ce sont les formes les plus bénignes et les moins typées, qui peuvent rester stables ou évoluer vers une autre forme au fil du temps.
  • Elles sont souvent marquées par une inflammation des enthèses, en particulier au niveau des membres périphériques, présente dans environ 90 % des cas.

  • Il est souvent associé à un psoriasis cutané, qui précède l’apparition des symptômes articulaires.
  • Il touche préférentiellement les articulations périphériques, avec parfois une atteinte axiale.
  • Des formes sans psoriasis cutané visible existent, ce qui peut compliquer le diagnostic.

  • Survient généralement après une infection génitale ou digestive, il s’agit le plus souvent d’une atteinte aiguë. Les symptômes articulaires apparaissent habituellement entre 1 et 3 semaines après l’infection. 
  • L’atteinte articulaire s’associe parfois à une conjonctivite, une inflammation de l’urètre chez l'homme ou une inflammation du col de l’utérus chez la femme 
  • Dans 10 à 20% des cas, l'atteinte articulaire devient chronique et peut évoluer vers une spondylarthrite ankylosante.

  • Des atteintes articulaires sont retrouvées dans 10 à 20% des cas de maladies de Crohn ou de rectocolite hémorragique.
  • L’atteinte des articulations périphériques évoluent souvent en même temps que les troubles digestifs, tandis que l’atteinte axiale (colonne, bassin, thorax) suit son propre rythme.
  • La maladie de Verneuil peut aussi être associée à ces affections.

D’autres formes rares peuvent survenir comme le SAPHO (syndrome ostéoarticulaire) qui associe des douleurs articulaires inflammatoires (colonne, thorax, clavicules) à des lésions cutanées telles que l’acné pustuleuse ou la pustulose palmoplantaire.

Types de spondylarthrites

4. Quels sont les symptômes ?

Les symptômes varient selon le type de spondylarthrite. Les plus fréquents sont :

  • Des douleurs dans le bas du dos, le bassin ou les fesses, généralement plus intenses la nuit, améliorée par l’activité et exacerbée par le repos (douleurs inflammatoires) ;
  • Des raideurs articulaires matinales qui limitent les mouvements au réveil.

Il existe aussi souvent : 

  • Une fatigue chronique invalidante, avec ou sans trouble du sommeil ;
  • Des douleurs au niveau des grosses et petites articulations telles que les épaules, les genoux et les doigts.
Les symptômes de la polyarthrite

Parfois, elles s’accompagnent :

  • D’un retentissement psychique important, avec des troubles anxio-dépressifs réactionnels. Une étude menée en 2017 révèle que 20% des personnes avec une spondylarthrite axiale ont un diagnostic clinique d’anxiété et 15% de dépression.
  • De signes d’inflammation extra-articulaires tels que l'uvéite (30 % des cas) et le psoriasis cutané (15 %).

5. Comment sont elles diagnostiquées ?

Le diagnostic des spondylarthrites repose sur des critères de classification permettant de guider le clinicien dans l'identification du type de spondyloarthrite et la mise en place d'une prise en charge adaptée. Les critères les plus utilisés sont ceux de l’ESSG, d’Amor et de l’ASAS.

Pour évaluer ces critères, plusieurs outils peuvent être mobilisés par le professionnel de santé :

  • Interrogatoire clinique :
    • il permet de recueillir les caractéristiques des douleurs (type, localisation, mode de début, évolution), ainsi que les signes fonctionnels associés.
    • Les douleurs inflammatoires du rachis et du bassin (survenant la nuit, calmées par l’exercice) orientent vers une spondylarthrite.
  • Imagerie médicale :
    • Des radiographies standard de la colonne vertébrale et des hanches sont souvent réalisées en première intention. Elles peuvent mettre en évidence des signes évocateurs, comme une sacro-iliite.
    • Des examens plus sensibles, tels que l’IRM ou le scanner, permettent de détecter plus précocement les atteintes articulaires et enthésitiques. Des échographies des enthèses peuvent également être utiles.
  • Analyses biologiques :
    • Une inflammation biologique est présente dans 70 à 80 % des cas, avec une élévation de la vitesse de sédimentation (VS) et de la protéine C-réactive (CRP).
    • Le gène HLA-B27 est retrouvé chez environ 90 % des patients atteints de spondylarthrite ankylosante, mais seulement 25 % des patients avec un rhumatisme psoriasique.
    • Toutefois, la présence du HLA-B27 n’est pas suffisante pour poser un diagnostic, car seule une petite proportion des porteurs développera une spondylarthrite (environ 3 %).

6. Comment sont elles prises en charge ?

La prise en charge des spondylarthrites est globale, individualisée et pluridisciplinaire. Elle associe des traitements médicamenteux destinés à réduire l’inflammation et la douleur, ainsi que des approches non médicamenteuses visant à préserver la mobilité, la qualité de vie et l’autonomie.

  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) : 
    • Les AINS, comme l’ibuprofène ou le diclofénac, constituent le traitement de première intention dans la prise en charge des spondylarthrites.
    • Ils peuvent être prescrits au long cours afin de soulager efficacement les douleurs et réduire la raideur articulaire, tout en améliorant la mobilité.
  • Corticoïdes
    • Les corticoïdes sont parfois utilisés pour calmer rapidement une poussée inflammatoire importante.
    • Cependant, leur utilisation reste brève, en raison du risque d’effets secondaires (prise de poids, hypertension, diabète, ostéoporose...).
  • Biothérapies et anti-TNF :
    • Ces traitements ciblés sont indiqués en cas de formes sévères ou résistantes aux AINS.
    • Ils permettent de moduler l’activité du système immunitaire, notamment en bloquant le TNF (Tumor Necrosis Factor), une cytokine clé dans l’inflammation.
  • Méthotrexate ou Sulfasalazine :
    • Ces médicaments sont principalement utilisés dans les atteintes articulaires périphériques, en complément ou en alternative aux biothérapies
    • Ils visent à diminuer la réponse inflammatoire de manière durable.
  • Médicaments antalgiques :
    • Des antalgiques peuvent être associés en traitement symptomatique.
    • Ils ne modifient pas l’évolution de la maladie, mais participent à améliorer la qualité de vie en cas de douleurs persistantes
    • Paracétamol : recommandé en première intention en cas de douleurs légères à modérées
    • Opioïdes de palier 2 (comme le tramadol ou la codéine) : peuvent être prescrits en cas de douleurs plus intenses ou mal contrôlées, toujours sous surveillance médicale en raison des risques de dépendance et d’effets indésirables

  • Activité physique régulière :
    • Elle est indispensable pour limiter l’enraidissement, renforcer les muscles, préserver l’amplitude articulaire et améliorer la qualité de vie.
    • Elle aide également à compenser les effets de la maladie, notamment en cas d’atteinte de la cage thoracique ou d’arthrose.
  • Kinésithérapie :
    • Elle permet un travail adapté sur la posture, la souplesse, la respiration et le renforcement musculaire.
    • Elle favorise le maintien de l’autonomie fonctionnelle.
  • Éducation thérapeutique du patient (ETP) :
    • Ces programmes permettent de mieux comprendre la maladie et d’adopter des comportements favorables à la santé.
    • Elle aider à gagner en autonomie dans la gestion des traitements et du parcours de soins.
  • Accompagnement psychologique :
    • Un soutien psychologique peut aider à mieux vivre la maladie au quotidien
    • Il facilite la gestion de la douleur chronique et de ses répercussions physiques, émotionnelles, sociales et professionnelles.
  • Approches complémentaires :
    • C​​​​​​​ertaines méthodes peuvent contribuer à apaiser les douleurs chroniques et à améliorer le bien-être global
    • Par exemple, les soins thermaux, la TENS (stimulation électrique transcutanée), l’hypnose, la relaxation ou la méditation.

À découvrir : Notre livret sur les Spondylarthrites

Pour permettre à tous de s'informer et de sensibiliser aux spondylarthrites, nous avons créé un livret illustré à destination du grand public. Il répond de façon simple et claire à 4 questions : 

  •  Qu'est ce que les spondylarthrites ? 
  •  Comment sont-elles diagnostiquées ? 
  •  Quelles en sont les répercussions ? 
  •  Comment sont-elles prises en charge ?


Fiche redigée par Anaïs Raoult et relue par Camille Racca. Mise à jour le 11-04-2025

Sources : 

  • COFER: ”Spondylarthrite inflammatoire Item193 UE7 “
  • LA REVUE DU PRATICIEN: “Vivre avec une spondylarthrite ” 2021
  • INSERM : “Spondyloarthrites” 2023
  • VIDAL : “Spondylarthrite” 2023, 
  • VIDAL: “Les causes et la transmission du rhumatisme psoriasique” 2023
  • Dr EDOUARD PERTUISET: “Psychological Distress in Patients with Axial Spondyloarthritis in Europe: Results from the European Map of Axial Spondyloarthritis Survey” 2018
  • ASIF: “Atlas of Spondyloarthrite ” 2017   
  • ORPHANET: “l’arthrite réactionnelle” 2021
  • FAI2R: “Généralités : SAPHO”
  • EM CONSULTE: “Spondylarthrite ankylosante, positivité de HLA-B27 et utilisation des biothérapies”  2017
  • BECHTEREW (Société Suisse de la Spondylarthrite Ankylosante) : “Mouvement et sport – pourquoi cela en vaut la peine “ 2022