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Syndrome de Congestion Pelvienne

1. Qu’est-ce que le syndrome de congestion pelvienne ?

Le syndrome de congestion pelvienne (SCP) regroupe un ensemble de symptômes liés à une insuffisance veineuse chronique dans le bassin. Cette mauvaise circulation entraîne une dilatation anormale des veines pelviennes (varices), qui peuvent se remplir excessivement de sang (congestion pelvienne) et provoquer une sensation de lourdeur ou des douleurs persistantes.

Cette pathologie touche principalement les femmes en âge de procréer, en raison notamment des variations hormonales et des modifications vasculaires propres aux grossesses. Elle serait sous-diagnostiquée, en raison de ses manifestations qui peuvent être confondues avec d’autres causes de douleurs pelviennes.

2. A quoi est-ce dû ?

En situation normale, le sang circule des veines du bassin vers le cœur grâce à un système de valves qui empêchent le reflux. Dans le SCP, ce mécanisme est altéré : le sang reflue vers le pelvis, y stagne et exerce une pression excessive sur les veines pelviennes. Cette stagnation entraîne leur dilatation progressive (varices) et peut provoquer une inflammation locale, responsable des douleurs, de la sensation de lourdeur et parfois d’autres symptômes.

Ce dysfonctionnement veineux peut apparaître pour différentes raisons. Plusieurs facteurs sont susceptibles d’en favoriser le développement :

  • Prédisposition génétique ;
  • Variations anatomiques ;
  • Syndromes de compression vasculaire (syndrome de May-Thurner, syndrome de Nutcracker) ;
  • Grossesses multiples, qui augmentent durablement la pression dans les veines pelviennes et peuvent altérer les valves veineuses ;
  • Hypertension veineuse ou anomalies de pression intra-abdominale
  • Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), dont les modifications hormonales pourraient favoriser la dilatation veineuse ;
  • Pathologies pelviennes inflammatoires, comme l’endométriose, susceptibles de modifier la vascularisation pelvienne ;
  • Syndromes d’Ehlers-Danlos, en raison de l’hyperlaxité tissulaire affectant la solidité des parois veineuses.

3. Quels sont les symptômes évocateurs ?

Les manifestations les plus fréquentes sont :

  • douleurs pelviennes persistantes depuis plus de 6 mois, unilatérales ou bilatérales, permanentes ou cycliques, majorées en position debout ou assise prolongée ;
  • envies fréquentes d’uriner, parfois associées à une hématurie (sang dans les urines) ;
  • ballonnements, alternance constipation/diarrhée ;
  • hémorroïdes, liées à une dilatation veineuse dans la région ano-rectale ;
  • jambes lourdes ou impatientes, avec un besoin irrépressible de les bouger ;
  • douleurs lombaires ;
  • picotements ou douleurs au niveau de la vulve ou du vagin.

Les symptômes ont souvent tendance à s’aggraver en fin de journée, après une station debout prolongée ou durant les périodes de chaleur.

4. Quels examens complémentaires ?

En présence de plusieurs symptômes évocateurs, une imagerie est généralement prescrite afin d’explorer la vascularisation pelvienne :

  • échographie Doppler pelvienne ou abdominale, souvent réalisée en première intention ;
  • IRM pelvienne, permettant une visualisation détaillée des veines et de leur dilatation ;
  • angioscanner veineux, utile pour identifier les reflux ou certaines compressions veineuses.

Ces examens permettent d’évaluer la dilatation des veines, la stagnation du sang et l’existence éventuelle d’un reflux veineux.

5. Quels sont les impacts au quotidien ?

Comme dans toute maladie douloureuse chronique, les répercussions du SCP peuvent être importantes et toucher plusieurs dimensions de la vie quotidienne.

La fatigue invalidante et les douleurs récurrentes peuvent modifier durablement le rythme et la qualité de vie, en limitant les activités quotidiennes, les déplacements, les sorties et la participation à certains événements. Ces symptômes peuvent également compliquer la vie professionnelle, en raison de la fatigabilité, des absences ou des difficultés de concentration. 

Sur le plan émotionnel, ces symptômes fragilisent l’équilibre psychologique et peuvent favoriser l’apparition d’anxiété, d’un trouble dépressif ou d’un sentiment d’usure. Ils peuvent aussi avoir un impact sur l’estime de soi et sur la vie sexuelle, lorsque la douleur ou la gêne pelvienne interfère avec l’intimité. 

Enfin, la méconnaissance du SCP et les retards fréquents de diagnostic contribuent souvent à un sentiment d’incompréhension, de solitude ou de frustration, renforçant la charge psychologique liée à la maladie.

6. Quelle prise en charge ?

Le SCP nécessite une prise en charge pluridisciplinaire, adaptée à l’intensité des symptômes, à leur retentissement au quotidien et aux préférences de la personne.

Ils visent principalement à soulager les symptômes :

  • Les veinotoniques peuvent être utilisés pour améliorer le confort veineux, même si leur efficacité dans le SCP reste controversée en raison de données scientifiques limitées.
  • Les antalgiques, les anti-inflammatoires et, si nécessaire, les traitements de fond des douleurs neuropathiques peuvent être prescrits selon la nature et l’intensité des symptômes.
  • Les traitements hormonaux peuvent être proposés lorsque les douleurs ou la congestion varient fortement au fil du cycle menstruel.

Certaines mesures peuvent aider à réduire la gêne :

  • activité physique régulière adaptée ;
  • port de bas ou collants de contention ;
  • adaptation des activités qui majorent les douleurs (station debout prolongée, chaleur).

Lorsque les symptômes persistent malgré les mesures précédentes, des options interventionnelles peuvent être proposées :

  • embolisation des veines pelviennes, traitement le plus fréquemment utilisé, visant à bloquer les veines responsables du reflux et à réduire la congestion ;
  • pose d’un stent veineux, en cas de compression veineuse confirmée ;
  • chirurgie, plus rare, réservée à certaines situations particulières.

 


Fiche rédigée par Aurelly Cicchelero et Camille Racca. Mise en ligne le 05-12-2025.
Sources :