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Maladie de Charcot Marie Tooth

1. Qu'est ce que la maladie de Charcot Marie Tooth ?

La maladie de Charcot-Marie-Tooth, ou CMT, désigne un groupe de neuropathies périphériques héréditaires qui affectent principalement les nerfs des jambes et des bras. Ces nerfs jouent un rôle essentiel dans la transmission :

  • des signaux moteurs, qui permettent aux muscles de se contracter
  • des signaux sensitifs, qui véhiculent les informations telles que le toucher, la douleur ou la température.

Dans la CMT, ces nerfs sont altérés : la circulation des signaux devient moins efficace, ce qui entraîne une faiblesse musculaire progressive, associée à des troubles de la sensibilité. C’est ce que l’on appelle une neuropathie sensitivomotrice.

Bien qu’elle soit classée parmi les maladies rares, la CMT touche environ 1 personne sur 2 500, ce qui en fait la neuropathie héréditaire la plus fréquente.

Attention : La CMT ne doit pas être confondue avec la maladie de Charcot (sclérose latérale amyotrophique – SLA), qui est une pathologie totalement différente.

2. À quoi est-elle due ?

La CMT est une maladie génétique, qui peut être transmise d’une génération à l’autre. À ce jour, plus de 100 gènes impliqués dans son développement ont été identifiés. Toutefois, chez certaines personnes, la forme génétique précise de la maladie n’est pas encore identifiée, car tous les gènes responsables et les mécanismes impliqués ne sont pas encore entièrement connus.

La classification repose sur plusieurs critères :

  • le type d’atteinte des nerfs périphériques : altération de la gaine de myéline (forme démyélinisante), de l’axone (forme axonale), ou mixte (forme intermédiaire) ;
  • le mode de transmission génétique : autosomique dominante, autosomique récessive ou liée à l’X ;
  • et le gène responsable, lorsqu’il est identifié.

On distingue ainsi six grands types de CMT : CMT1, CMT2, CMT4, CMTX, DI-CMT (dominant intermédiaire) et RI-CMT (récessif intermédiaire).

La forme la plus fréquente est la CMT1A, qui représente à elle seule plus de 50 % des cas. Elle est due à une duplication du gène PMP22, situé sur le chromosome 17, et se transmet selon un mode autosomique dominant : une seule copie altérée du gène suffit à provoquer la maladie.

3. Quels en sont les symptômes ?

Les symptômes de la maladie de Charcot-Marie-Tooth peuvent être très différents d’une personne à l’autre, y compris au sein d'une même forme génétique. Malgré cette variabilité, plusieurs manifestations sont communes.

La CMT se manifeste principalement par :

  • une faiblesse musculaire (perte de force, fonte des muscles) ;
  • des troubles sensitifs (fourmillements, engourdissements, diminution ou perte des sensations) ;
  • des troubles de l’équilibre, responsables de chutes fréquentes.

Les premiers signes apparaissent le plus souvent dans l’enfance ou l’adolescence, mais peuvent aussi se manifester plus tard à l’âge adulte. Parmi les symptômes précoces, on retrouve :

  • une démarche instable, des chutes fréquentes, et des entorses à répétition liées à une diminution de la proprioception ;
  • une disparition des réflexes ostéo-tendineux (notamment aux jambes) ;
  • une altération de la sensibilité, notamment au niveau des pieds (moins bonne perception du chaud, du froid ou de la douleur) ;
  • une fatigabilité musculaire anormale, souvent aggravée par l’effort.

Dans la majorité des cas, ce sont les pieds qui sont touchés en premier. Ils deviennent creux (pied creux ou pes cavus) et instables. Pour compenser la faiblesse musculaire, la personne relève alors exagérément les jambes à la marche afin d’éviter de buter sur le sol : c’est ce qu’on appelle une démarche en steppage.

À mesure que la maladie progresse, la faiblesse musculaire s’accentue et s’étend à toutes les extrémités des membres (mains et pieds). Cela entraîne une diminution du périmètre de marche, une perte de dextérité manuelle, ainsi qu’une fonte musculaire notable, notamment au niveau des mollets (amyotrophie).

Des déformations peuvent également apparaître, telles que des orteils en griffe, un pied bot, ou, dans certaines formes précoces, une scoliose ou une dysplasie de hanche. Certaines personnes développent également des crampes musculaires douloureuses ou des douleurs neuropathiques, dont l'intensité est très variable selon les individus.

4. Comment est elle diagnostiquée ?

Le diagnostic de la maladie de Charcot-Marie-Tooth repose sur une évaluation spécialisée, réalisée de préférence dans un centre de référence (CRMR) ou un centre de compétence (CCMR) en maladies neuromusculaires, rattaché à la filière nationale FILNEMUS.

Les étapes du diagnostic comprennent :

  • un examen clinique neurologique complet, à la recherche de signes moteurs, sensitifs et orthopédiques caractéristiques ;
  • un électromyogramme (EMG), qui permet d’évaluer les vitesses de conduction nerveuse et de distinguer une atteinte démyélinisante, axonale ou mixte ;
  • un test génétique, ciblé ou en panel, orienté selon l’histoire familiale et les données cliniques, afin d’identifier le gène en cause.

Dans certains cas, aucune anomalie génétique n’est identifiée dans un premier temps. Cela n’exclut pas pour autant le diagnostic lorsqu’il existe un tableau clinique évocateur. Grâce aux avancées récentes de la génétique moléculaire (comme le séquençage haut débit ou l’analyse de l’exome), il est aujourd’hui possible de relancer les investigations chez des personnes restées sans diagnostic génétique précis.

5. Quelle en est la prise en charge ?

La maladie de Charcot-Marie-Tooth nécessite une approche pluridisciplinaire. Bien qu’il n’existe pas de traitement curatif à ce jour, une prise en charge adaptée permet de limiter les complications, de soulager les symptômes (troubles de la marche, douleurs, troubles de l’équilibre…) et de freiner la progression de la maladie.

Le suivi est généralement assuré par un neurologue exerçant dans un centre de référence (CRMR) ou de compétence (CCMR) en maladies neuromusculaires, rattaché à la filière FILNEMUS. Ces consultations spécialisées permettent de mettre en place un parcours personnalisé, avec des évaluations régulières selon les besoins.

La prise en charge orthopédique et fonctionnel est essentiel pour maintenir l’autonomie et compenser les atteintes motrices et sensitives. Il inclut le plus souvent :

  • des séances régulières de kinésithérapie, visant à renforcer les muscles en douceur, préserver la souplesse articulaire et prévenir les déformations ;
  • la prescription d’orthèses (releveurs, semelles) ou d’aides techniques à la marche ;
  • un accompagnement en ergothérapie, pour faciliter les gestes du quotidien et aménager l’environnement de vie.

La pratique d’une activité physique régulière et adaptée est également fortement recommandée. Elle aide à conserver la force musculaire, l’équilibre et la mobilité, tout en améliorant la qualité de vie. Les sports doux et non traumatisants sont à privilégier.

Les douleurs, qu’elles soient d’origine mécanique, neuropathique ou mixte, nécessitent une évaluation individualisée. Des traitements médicamenteux ainsi que des interventions non médicamenteuses peuvent être proposées en fonction du type de douleur et de son retentissement.

Enfin, dans le cadre de cette maladie d’origine génétique, le conseil génétique occupe une place importante. Il permet d’accompagner la personne et sa famille, du diagnostic jusqu’à la discussion d’options éventuelles de diagnostic prénatal (DPN) ou préimplantatoire (DPI).


Fiche rédigée par Lena Mancec. Relue par Camille RACCA, interne en génétique. Mise à jour le 09-07-2025.

Sources :