L’évaluation de la douleur est une étape essentielle afin de mieux la dépister, comprendre son type et son évolution, adapter les traitements, et suivre leur efficacité. On distingue deux types d’échelles et outils d’évaluation. Lorsque la personne peut s’exprimer elle-même on parle d’une auto-évaluation. Lorsque la personne n’est pas en capacité de répondre à des questions simples, l’évaluation est faite par une autre personne et l’on parle d’hétéro-évaluation.
- Communication verbale et compréhension préservée
Lorsqu’une personne peut exprimer son ressenti, l’auto-évaluation est privilégiée. Elle permet une mesure directe de l’intensité douloureuse à l’aide d’outils simples :
- Échelle numérique (EN) : de 0 (absence de douleur) à 10 (douleur maximale imaginable).
- Échelle verbale simple (EVS) : reposant sur des qualificatifs tels que "faible", "modérée", "forte".
- Échelle visuelle analogique (EVA) : utilisable à partir de 5-6 ans, il s’agit d’une réglette où un curseur est placé entre "pas de douleur" et "douleur maximale".
En cas de douleur persistante, d’autres outils peuvent être utilisés pour affiner l’évaluation, tels que :
- DN4 : questionnaire permettant d’identifier une composante neuropathique de la douleur.
- BPI (Brief Pain Inventory) : outil qui évalue à la fois l’intensité de la douleur et son retentissement sur les activités quotidiennes.
- Échelle HAD (Hospital Anxiety and Depression Scale) : utile pour détecter un retentissement psychologique, notamment l’anxiété ou la dépression associée à une douleur chronique.
- Communication verbale ou compréhension altérée
Lorsque l’expression verbale est difficile ou impossible (enfants en bas âge, personnes avec polyhandicap, troubles cognitifs...), l’hétéro-évaluation est utilisée. Elle repose sur l’observation du comportement et des signes cliniques par un soignant ou un proche.
Les critères les plus fréquemment observés incluent :
- Expression faciale : grimaces, mimiques douloureuses
- Mouvements : agitation, raideur, posture antalgique
- Réactions sonores : pleurs, gémissements, cris
- Niveau de vigilance : éveil, somnolence
- Signes vitaux : fréquence cardiaque, tension artérielle, respiration...
Plusieurs échelles standardisées sont disponibles. En postopératoire immédiat, les plus utilisées sont :
- FLACC : pour les enfants de 2 mois à 7 ans
- COMFORT : pour les enfants de 1 à 7 ans en contexte de soins intensifs
- DESS : pour les enfants avec polyhandicap
- Algoplus : pour les personnes âgées atteintes de troubles cognitifs (comme une démence)
En cas de douleur qui persiste dans le temps, l’évaluation devient plus complexe. Elle nécessite une observation répétée et prolongée, une collaboration étroite avec les proches et, lorsque cela est possible, une adaptation des outils pour mieux repérer l’expression de la souffrance associée.