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EMDR : indications et précautions

Décrite pour la première fois au début des années 1990, l’EMDR est une approche de psychothérapie initialement développée pour le traitement des psychotraumatismes. Son efficacité est aujourd’hui largement reconnue, et son utilisation s’est progressivement étendue au-delà de ce cadre, portée par de nombreuses études cliniques ayant mis en évidence ses bénéfices dans d’autres troubles.

1. Quelles sont les principales indications de l'EMDR ?

A. Traumatismes psychiques

Les traumatismes psychiques et les souvenirs douloureux demeurent la principale indication de l’EMDR, en particulier lorsqu’ils sont associés à un syndrome de stress post-traumatique avéré. Son efficacité dans ce domaine est aujourd’hui solidement démontrée par de nombreuses études cliniques (niveau de preuve scientifique élevée).

Dans ces situations, elle permet au cerveau de réactiver sa capacité naturelle à encoder et à archiver les souvenirs, réduisant ainsi leur charge émotionnelle et les symptômes associés, tels que les flashbacks, les cauchemars ou les conduites d’évitement.

B. Troubles anxieux

L’EMDR est aujourd’hui utilisée dans différents troubles anxieux, en particulier le trouble panique et les phobies. Les études disponibles indiquent qu’elle aide à réduire l’anxiété, à diminuer les phobies et à limiter les attaques de panique. Elle contribue ainsi à une amélioration durable de la qualité de vie (niveau de preuve scientifique : intermédiaire).

C. Douleurs chroniques

L’EMDR peut être utilisé dans le cadre de douleurs chroniques. Les études cliniques montrent qu'elle peut aider à réduire l’intensité de la douleur ressentie, tout en améliorant la qualité de vie grâce à une diminution de l’anxiété et de la détresse émotionnelle souvent liées à la douleur persistante (niveau de preuve scientifique : intermédiaire).

Elle s’inscrit toujours dans une prise en charge multimodale, qui associe généralement des traitements médicamenteux et d'autres approches non médicamenteuses comme la kinésithérapie ou la stimulation transcuanée (TENS).

La douleur chronique est en effet une expérience réelle, complexe et multidimensionnelle, qui mobilise non seulement le corps et les sensations physiques, mais aussi les émotions, les pensées et les comportements.

E. Dépression

L'EMDR peut s'ingérer dans la prise en charge de certains troubles dépressifs. Les études cliniques suggèrent que, lorsqu’elle est utilisée en association avec un traitement antidépresseur, elle pourrait augmenter le taux de rémission et favoriser une stabilisation plus rapide de l’état émotionnel (niveau de preuve scientifique intermédiaire).

F. Grossesse

 

2. Quels sont les autres indications possibles de l'EMDR ?

L’EMDR peut également être proposée dans de nombreuses autres situations. Dans ces cas, les résultats des études cliniques sont généralement encourageants, mais restent encore insuffisants pour tirer des conclusions solides (niveau de preuve scientifique faible).

A. Epilepsie

À ce jour, cinq études, menées sur un nombre limité de personnes, se sont intéressées à l’utilisation de l’EMDR chez des personnes épileptiques. Aucune n’a mis en évidence d’effet délétère : la thérapie ne semble ni augmenter ni déclencher les crises. Certaines données suggèrent même qu’elle pourrait aider à mieux gérer l’anxiété liée à l’anticipation des crises.

Cependant, le faible nombre de données disponibles invite à la prudence. Il est donc recommandé de solliciter l’avis du neurologue en charge du suivi avant d’initier la thérapie et de prévenir le thérapeute de cet antécédent.

 

B. Antécédents cardiaques

Comme pour d’autres maladies chroniques, l’EMDR peut être bénéfique dans la gestion de souvenirs douloureux, tels que l’annonce d’un diagnostic ou certains épisodes de décompensation. Elle a notamment montré son intérêt dans la prise en charge du syndrome de stress post-traumatique qui survient dans environ 25% des cas après un arrêt cardiaque.

Néanmoins, les séances d’EMDR peuvent induire une activation émotionnelle intense, parfois accompagnée de réactions physiologiques marquées (accélération du rythme cardiaque, respiration rapide). Chez les personnes présentant une pathologie cardiaque, il est donc recommandé :

  • d’informer le thérapeute de cet antécédent ;
  • de programmer la thérapie à distance d’un épisode de décompensation aiguë ;
  • de solliciter l'avis du cardiologue afin de sécuriser la prise en charge.

C. Troubles psychiatriques

Certaines pathologies psychiques nécessitent des précautions particulières dans le cadre de l’EMDR, en particulier celles susceptibles d’entraîner une perte de contact avec la réalité, telles que :

  • les troubles psychotiques (comme la schizophrénie),
  • les troubles dissociatifs,
  • le trouble bipolaire,
  • ou encore la consommation de substances psychoactives.

Dans ces situations, l’EMDR peut accentuer la désorganisation psychique. Elle est donc contre-indiquée en cas de décompensation aiguë, notamment :

  • trouble psychotique non stabilisé ;
  • épisode maniaque aigu ;
  • consommation récente de substances psychoactives.

En revanche, une fois la stabilisation obtenue, l’EMDR peut être envisagée dans un cadre thérapeutique adapté, avec l’accompagnement de professionnels expérimentés. Par ailleurs, plusieurs études suggèrent que l’EMDR pourrait présenter un intérêt thérapeutique dans certaines situations. Par exemple, dans les addictions, elle contribuerait à atténuer l’intensité du craving et à améliorer la régulation émotionnelle

Malgré certaines idées reçues, il n’existe à ce jour aucune preuve scientifique suggérant que la thérapie EMDR pendant la grossesse soit dangereuse.

Au contraire, les études disponibles indiquent que cette approche peut être bénéfique pour les femmes enceintes, avec notamment :

  • une diminution de la détresse et des symptômes du trouble de stress post-traumatique (TSPT)
  • une réduction de la peur de l’accouchement
  • un sentiment accru de confiance face à l’accouchement à venir.

 

Rédigée par Francine Taillandier, Clara Déletoille et Camille Racca. Mise en ligne le 08-09-2025. 

Sources :

  • Broekman-Labinac K et al. A preliminary efficacy study of eye movement desensitisation and reprocessing therapy in reducing epilepsy-related anxiety. Epilepsy Behav. 2025
  • Arabia E. et al.  EMDR for Survivors of Life-Threatening Cardiac Events: Results of a Pilot Study. 2011.
  • Timsit M. Psychose et EMDR: Un cas de réduction de symptômes psychotiques par EMDR protocole EMDR de stabilisation sur deux axes, hypothèses psychopathologiques et perspectives. 2025. 
  • Baas MAM et al. Treatment of Pregnant Women With Fear of Childbirth Using EMDR Therapy: Results of a Multi-Center Randomized Controlled Trial. Front Psychiatry. 2022.