Draw Your Fight

EMDR : le déroulement d’une thérapie, étape par étape

L’EMDR est une approche de psychothérapie reconnue par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et la Haute Autorité de Santé (HAS). Son efficacité a été démontrée par de nombreuses études cliniques, ce qui en fait aujourd’hui une méthode de référence, aux côtés notamment des thérapies cognitivo-comportementales (TCC).

Il s’agit généralement d’une thérapie brève, structurée en 8 phases successives. Ces étapes, définies par Francine Shapiro, fondatrice de la méthode, constituent le fil conducteur du travail thérapeutique : elles permettent de passer progressivement de la préparation et de la sécurisation de la personne jusqu’au retraitement et à la résolution des souvenirs traumatiques.

1. Comment débute une thérapie par l’EMDR ?

Une thérapie par l’EMDR commence par une ou plusieurs séances préparatoires destinées à instaurer un climat de confiance et à garantir un cadre sécurisant.

Elles recouvrent les deux premières phases du protocole EMDR.

A. Poser les bases

Cette phase permet au thérapeute de mieux comprendre la personne, son histoire et ses modes de fonctionnement. À travers un échange approfondi, il explore son parcours de vie, les difficultés rencontrées et les ressources personnelles ou relationnelles dont elle dispose face aux difficultés.

L’objectif est également de définir avec elle les objectifs thérapeutiques et d’identifier les souvenirs traumatiques ou croyances négatives qui constitueront les futures cibles du travail en EMDR.

B. Installer un climat de sécurité

Le thérapeute prend le temps d’expliquer le fonctionnement de l’EMDR et prépare la personne au déroulement des séances.

Cette phase comprend également l’apprentissage de techniques de stabilisation émotionnelle, mobilisables aussi bien pendant les séances qu’en dehors. Ces petits exercices visent à renforcer la confiance en soi et à installer un sentiment de sécurité pour aborder les souvenirs difficiles.

2. Comment se déroule le coeur du protocole EMDR ?

Une séance d’EMDR dure généralement entre 60 et 90 minutes, mais sa durée peut être adaptée, notamment pour les enfants.

Chaque séance se centre sur le retraitement d'un souvenir douloureux spécifique, choisi avec l’aide du thérapeute, afin de réduire progressivement la charge émotionnelle qui lui est associée.

Ce travail suit un cadre bien défini : 6 phases successives (correspondant aux phases 3 à 8 du protocole EMDR, établi par Francine Shapiro, la fondatrice de la méthode). Ces étapes sont répétées à chaque séance et constituent le cœur du protocole EMDR.

A. Choix de la cible

Le thérapeute invite ensuite la personne à identifier un souvenir douloureux qu'elle souhaite explorer. Grâce à son accompagnement bienveillant, ce souvenir est progressivement remémoré à travers ses différentes composantes : images, émotions, pensées et sensations corporelles, en mobilisant les perceptions issues des cinq sens.

Il ne s’agit pas de revivre le souvenir dans ses moindres détails, mais plutôt de se reconnecter aux aspects les plus marquants ou aux ressentis encore présents, afin de pouvoir les travailler au cours de la séance.

Cette étape peut parfois être éprouvante, mais elle s’effectue toujours dans un cadre sécurisé, avec le soutien actif du thérapeute. Si nécessaire, les outils de stabilisation émotionnelle appris lors des séances préparatoires peuvent être mobilisés pour aider à restaurer un sentiment de sécurité et favoriser la poursuite du travail thérapeutique.

 

B. Laisser le souvenir évoluer

Une fois la cible définie, le thérapeute invite la personne à maintenir son attention sur le souvenir choisi tout en se concentrant sur les stimulations bilatérales alternées (SBA). 

Celles-ci peuvent prendre 3 formes différentes

Stimulation oculaire

Oculaire 

La personne effectue des mouvements oculaires réguliers de gauche à droite, guidés par la main du thérapeute ou par un dispositif électronique. 

Stimulation tactile

Tactile 

Le thérapeute réalise des tapotements réguliers et alternés de part et d’autre du corps, sur les mains, les épaules ou les genoux de la personne. 

Stimulation auditive

Auditive

Des sons sont diffusés de façon alternée dans chaque oreille à l’aide d’écouteurs, reproduisant ainsi le principe de stimulation bilatérale.

La stimulation oculaire (Rapid Eye Movement ou Mouvements Oculaires Rapides) est la modalité la plus répandue et celle dont l’efficacité est la plus validée scientifiquement. Cependant, c’est avant tout le ressenti de la personne qui guide le choix, défini avec le thérapeute lors des séances préparatoires.

Les SBA marquent le début du processus de retraitement du souvenir traumatique. Elles sont réalisées en courtes séries d’une dizaine de secondes. Pendant ces séries, la personne garde son attention sur le souvenir ciblé et laisse émerger librement des pensées, émotions, images ou sensations corporelles.

Ces éléments sont ensuite partagés avec le thérapeute, qui les accueille sans chercher à les orienter, afin de soutenir le processus naturel d’intégration.

C. Ancrer du positif

Après plusieurs séries de stimulations bilatérales, quand l’intensité émotionnelle du souvenir a diminué, le thérapeute invite la personne à partager son ressenti global. Progressivement, elle est amenée à intégrer des croyances positives et plus adaptées, qui remplacent les pensées négatives liées au traumatisme.

Ce travail permet d’alléger durablement la charge émotionnelle du souvenir douloureux et d’ouvrir la voie vers une perception plus apaisée et constructive de l’événement.

D. Vérifier les sensations

Après avoir retraité un souvenir et intégré une croyance positive, le thérapeute invite la personne à réaliser un « scanner intérieur » de son corps, en portant son attention de la tête aux pieds tout en repensant au souvenir travaillé.

  • Si des tensions ou sensations désagréables apparaissent, cela signifie que certaines traces émotionnelles du traumatisme sont encore présentes. Dans ce cas, le thérapeute peut proposer de nouvelles séries de stimulations bilatérales jusqu’à ce que l’apaisement s’installe, ou reprendre le travail lors d'une des séances suivantes.
  • Si le corps est perçu comme calme et détendu, cela confirme que le souvenir a été pleinement retraité et intégré, non seulement sur le plan émotionnel mais aussi au niveau corporel.

E. Revenir au calme

En fin de séance, le thérapeute s’assure toujours que la personne repart dans un état de calme et de sécurité intérieure, même si le travail du souvenir n’est pas complètement terminé.

Pour cela, il peut :

  • demander comment la personne se sent à la fin de la séance ;
  • proposer, si besoin, quelques exercices simples de détente (respiration, visualisation d’un lieu rassurant, techniques d’ancrage) pour apaiser les tensions ;
  • rappeler que des émotions ou souvenirs peuvent encore émerger entre deux séances, et encourager à utiliser les outils appris pour mieux les gérer ;
  • inviter à noter dans un carnet ou journal les rêves, pensées ou ressentis qui pourraient apparaître, afin d’en reparler ensemble lors du prochain rendez-vous.

F. Faire le point

La dernière phase du protocole se déroule lors de la séance suivante. Le thérapeute prend le temps d’échanger avec la personne sur ce qui a été travaillé lors de la séance précédente et sur l’évolution des émotions, pensées ou sensations corporelles ressenties depuis.

Cette étape permet de s’assurer que les effets du travail se maintiennent dans le temps, de confirmer que le souvenir est bien désensibilisé et intégré, et de décider, si besoin, de la prochaine cible à explorer.

3. Comment se passe la fin d’une thérapie EMDR ?

La fin d’une thérapie par l’EMDR est décidée conjointement par le thérapeute et la personne accompagnée, en fonction des objectifs atteints et de la réduction durable de la détresse liée aux souvenirs traumatiques travaillés.

Dans la majorité des cas, il s’agit d’une thérapie brève, dont la durée se situe souvent entre 10 et 15 séances. À l’issue du processus, la personne peut évoquer les souvenirs ciblés avec une plus grande distance émotionnelle et leur associer des ressentis plus calmes, témoignant ainsi de l’intégration du travail réalisé.

Ce qu’il faut retenir

Durant toute la séance la personne est consciente. Il n'y a pas de perte de controle (à la différence de l'hypnose). 

Il n'est pas nécessaiere de de raconter en détail les événements douloureux, ni de les revivre intensément.

La durée d’une séance est généralement de 60 à 90 minutes.

Chaque personne avance à son rythme, selon ses besoins.


Rédigée par Francine Taillandier, Clara Déletoille et Camille Racca. Mise en ligne le 08-09-2025. 

Sources :

  • Shapiro, F. Eye movement desensitization and reprocessing: Basic principles, protocols, and procedures. Guilford Press. 2001.
  • Shapiro, F. EMDR, adaptive information processing, and case conceptualization. Journal of EMDR Practice and Research. 2007.
  • Driessen HPA et al. Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR) treatment in the medical setting: a systematic review. Eur J Psychotraumatol. 2024