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Trouble Neurologique Fonctionnel (TNF)

Longtemps considéré comme un diagnostic dit “d’exclusion” par les médecins qui le posaient, le TNF est aujourd’hui reconnu comme un trouble ayant ses propres critères diagnostiques positifs. Peu connu, il est pourtant le deuxième motif de consultation en neurologie, derrière la migraine, avec une prévalence proche de 1/1000, représentant 10% des consultations de neurologie générale en France.

1. Qu'est-ce que le TNF ?

Le Trouble Neurologique Fonctionnel (Functional Neurological Disorder en anglais) pourrait être lié à une anomalie du fonctionnement du système nerveux central caractérisée par une altération de transmission de l’information entre les régions cérébrales impliquées dans la régulation émotionnelle et la représentation de soi et le système sensitivo-moteur. Cependant, aucune lésion organique au niveau du cerveau ou de la moelle spinale n’est retrouvée.  

Les neurologues utilisent d’ailleurs souvent la comparaison suivante pour faciliter la compréhension du trouble auprès de leurs patients :  notre cerveau est souvent décrit comme un dispositif informatique ayant une machine et un logiciel ; quand un patient présente un TNF, son ordinateur (= le cerveau) fonctionne, mais son logiciel (= l’activité neuronale) rame un peu, dysfonctionne partiellement ou entièrement selon les cas.
Les médecins positionnent cette affection entre la neurologie et la psychiatrie : elle est reconnue dans le DSM-5 (manuel de diagnostic des psychiatres) et a fait son entrée dans les manuels de médecine neurologique en 2024-25

2. A quoi est-ce du ?

On retrouve souvent 3 facteurs qui conduisent ensemble à un TNF :

  • Un facteur prédisposant qui peut être une vulnérabilité de fond qui est un terrain propice au développement hypothétique d’un TNF ;
  • Un facteur déclencheur ou précipitant qui active les symptômes non retrouvé dans 30% des cas : choc émotionnel lié à une situation traumatique antérieure, physique ou psychique ; chirurgie, chute ; 
  • Des facteurs perpétuants qui fixent le TNF, l’inscrivant dans la durée : doute quant à la possibilité de guérir, problèmes émotionnels non résolus ; stratégies adoptées pour faire face aux situations qui ont pu activer le trouble mais qui l’alimentent aujourd’hui.

3. Quels sont les symptômes ?

Le trouble peut être difficile à déceler car il mime des symptômes d’autres maladies neurologiques lésionnelles ou non, connues du grand public comme la SEP, parkinson… Il peut aussi coexister avec ces maladies, ce qui rend son diagnostic davantage complexe. Il est généralement décelé du fait de la non cohérence des symptômes avec la neuroanatomie ou du caractère atypique des symptômes. Les symptômes prédominants sont moteurs et sensitifs, qu’ils soient positifs ou négatifs.
Voici une liste non-exhaustive des symptômes potentiels qui peuvent se cumuler :

  • Tremblements, dystonie ;
  • Paralysie ou faiblesse des membres, déficit sensitif  ;
  • Crises non épileptiques psychogènes (= crises sans l’activité électrique anormale typique de l’épilepsie dans le cerveau) ;
  • Troubles du langage qui peut aller du bégaiement à l’aphasie (non expliquée par un AVC) ;
  • Troubles du mouvement et de la marche ;
  • Troubles cognitifs ;
  • Troubles auditifs ;
  • Migraines ;
  • Troubles vésico-sphinctériens tels que la vessie hyperactive : incontinence existante mais sans désordres anatomiques visibles à l’échographie ;
  • Fatigue chronique ; douleurs chroniques.

4. Comment est il diagnostiqué ?

Le diagnostic est le plus souvent posé par un neurologue et est le résultat :  

  • D’examens cliniques complets et réévalués à chaque rendez-vous pendant la phase de pré-diagnostic avec vérification de présence des réflexes ostéo-tendineux ;
  • De l’identification de signes spécifiques aux TNF comme le signe de Hoover pour les faiblesses ou paralysie musculaires qui montre au patient que le mouvement est possible ou des symptômes qui sont parfois fluctuants dans l’intensité et dans la durée et distractibles comme les tremblements ;
  • D’examens complémentaires objectivants (IRM, EMG, EEG, Potentiels Évoqués Somesthésique /Moteurs) revenant “normaux”.

5. Quels sont les retentissements ?

Du fait de sa complexité, le trouble peut avoir différents retentissements. Certains peuvent être commun à toutes les personnes atteintes de TNF, d’autres sont propres aux symptômes retrouvés : 

  • Certains patients se retrouvent à devoir utiliser une aide technique plus ou moins lourde qui peut aller de la canne au fauteuil roulant électrique. 
  • Les effets secondaires/ indésirables provoqués par les médicaments prescrits peuvent s’ajouter aussi à la liste des symptômes déjà présents.
  • Des troubles psychiques peuvent se développer tels que la dépression, l’anxiété… 
  • La qualité de vie peut diminuer : l’autonomie peut s’altérer plus ou moins fortement selon les symptômes ce qui peut mener certains patients à perdre leur travail et à nécessiter la présence d’un aidant.
  • L’errance médicale peut être longue (en moyenne 7 à 8 ans) et peut amener à consulter différents spécialistes. La fatigue déjà provoquée par le trouble peut être majorée par tous les examens faits.
  • Incompréhension de la part des proches voire de certains médecins qui affirment que les patients simulent d’où l’intérêt de s’entourer de professionnels de santé bienveillants formés aux TNF.
  • Doute quant à la possibilité de guérison qui peut être très renforcé si l’errance médicale est longue.

6. Quelle est la prise en charge ?

La prise en charge d’un trouble neurologique fonctionnel débute par une bonne annonce diagnostique faite par le médecin qui a conduit les explorations : si le patient ne comprend pas son trouble, ça peut renforcer les symptômes dans la durée ; surtout bien dire au patient que les symptômes sont réels, qu’il ne simule pas, et ne pas hésiter à expliquer plusieurs fois le trouble si nécessaire.

Une fois que le diagnostic est posé et bien expliqué, une prise en charge pluridisciplinaire, qui varie selon les symptômes, est proposée avec : 

  • Côté humain, des :
    • Psychiatres et psychologues pour la prescription de psychotropes et la thérapie,
    • Neurologues
    • Professionnels de la rééducation : médecins de Médecine Physique et de Réadaptation, kinésithérapeutes, ergothérapeutes , orthophonistes, psychomotriciens
  • Côté traitements :
    • Il n’existe pas vraiment de médicaments qui agissent directement sur le TNF mais peuvent être utilisés pour traiter les comorbidités associées telles que les troubles psys (dépression, anxiété… ) ou les douleurs,
    • Les thérapies diverses peuvent être utiles selon le profil du patient : TCC, ICV, EMDR; psychoéducation, Éducation Thérapeutique du Patient,
    • La rTMS (Stimulation Magnétique Transcrânienne répétitive): dispositif en forme de bobine plate placé sur la tête qui délivre un courant électrique permettant de moduler l’activité neuronale qui est dysfonctionnelle dans le TNF et qui peut être utilisé tant dans la prise en charge des symptômes physiques que ceux psychiques.

  • Le site internet neurosymptoms.org (en anglais)
  • La BD en ligne et gratuite “Not There” (en anglais également) pour expliquer comment fonctionnent les CNEP et le parcours diagnostique 
  • Le site internet fndhope.org qui poste des témoignages de personnes atteintes de TNF (en anglais)

Fiche rédigée par Clémence G. relue par Marion Cahen. Mise en ligne le 14-08-2025.

Sources :