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Symptômes évocateurs du cancer à tous les stades

Les symptômes évocateurs à chaque étape de la maladieCette fiche recense les principaux symptômes pouvant survenir à différents moments de l’évolution d’un cancer. Pour en faciliter la lecture, ils présentés ici dans un ordre chronologique :

  • Phase précoce : signes d’alerte initiaux
  • Phase avancée : manifestations liées à la progression de la maladie
  • Traitements : effets secondaires fréquents
  • Après la maladie : symptômes persistants ou séquelles

1. Quels sont les signes retrouvés à un stade précoce ?

Au début de leur évolution, les cancers peuvent provoquer des symptômes discrets, parfois banalisés. Lorsqu’ils persistent ou apparaissent sans cause évidente, ces signes doivent alerter et justifier une consultation médicale.

Fréquente au cours des cancers, l’altération de l’état général résulte le plus souvent d’une consommation énergétique accrue par l’organisme.

Elle peut se manifester par :

  • Perte de poids involontaire et inexpliquée ;
  • Perte importante de l’appétit (anorexie) ;
  • Fatigue inhabituelle et durable ne disparaissant pas avec le repos (asthénie) ;
  • Fièvre prolongée ou sueurs nocturnes persistantes.

À noter : L’altération de l’état général peut également être observée dans certaines infections chroniques (tuberculose, paludisme) ou maladies auto-immunes (lupus, maladie de Crohn…).

La présence d’une masse ou d’un nodule persistant, qu’il soit indolore ou douloureux, peut révéler un cancer sous-jacent. 

Les localisations les plus fréquentes incluent :

  • Sein : nodule souvent indolore, parfois associé à d’autres signes (écoulement sanglant par le mamelon, asymétrie mammaire, rétractation du mamelon, aspect cutané en « peau d’orange ») ;
  • Prostate : induration ou nodule détecté au toucher rectal, pouvant s’accompagner de troubles urinaires (difficulté à uriner, jet faible, envies fréquentes, surtout nocturnes) ;
  • Aires ganglionnaires (cou, aisselles, aine) : ganglion augmenté de volume, mais pouvant devenir sensible dans certains cas (prise d’alcool) 

À noter : La découverte d’une masse ou d’un nodule n’est pas toujours liée à un cancer. Elle peut aussi s’observer dans des infections, inflammations ou autres pathologies bénignes (adénofibrome du sein, hypertrophie bénigne de la prostate…).

La survenue d’un saignement inexpliqué peut constituer l’un des premiers signes de certains cancers, notamment du côlon, du poumon, de l’endomètre ou de la vessie
Les principales localisations sont :

  • Selles : présence de sang rouge (rectorragies) ou aspect noirâtre et goudronneux (méléna) ;
  • Urines (hématurie) : coloration rouge ou brunâtre, parfois microscopique ;
  • Voies respiratoires (hémoptysie) : sang dans la toux ou les crachats ;
  • Sphère gynécologique (métrorragies) : saignements après la ménopause, entre les règles ou après un rapport sexuel.

À noter : Ces saignements peuvent aussi avoir des causes bénignes (polype colorectal, fibrome utérin, infection…). La probabilité d’une cause maligne augmente nettement après 50 ans. 

Le mélanome débute souvent par la transformation d’un grain de beauté existant ou par l’apparition d’une nouvelle lésion pigmentée.

Les signes d’alerte sont souvent résumés par l’anagramme ABCDE :

  • Asymétrie : une moitié de la lésion ne ressemble pas à l’autre ;
  • Bords irréguliers : contours dentelés, mal délimités ;
  • Couleurs non homogènes : plusieurs teintes (brun, noir, rouge, blanc, bleu…) ;
  • Diamètre supérieur à 6 mm ;
  • Évolution : modification récente de taille, forme, couleur ou texture.

Le mélanome peut aussi se manifester par une lésion cutanée qui ne cicatrise pas ou qui saigne facilement.
À noter : En cas de lésion suspecte, certains centres hospitaliers proposent des consultations dermatologiques en urgence. Le médecin traitant peut également faciliter un rendez-vous prioritaire chez un dermatologue.

Certains signes, plus rares et spécifiques, peuvent également se manifester dès la phase précoce d’un cancer. Par exemple : 

  • Hématome inexpliqué et persistant : pouvant révéler un sarcome des tissus mous ;
  • Infections fréquentes : traduisant parfois une altération des cellules immunitaires, notamment dans certaines hémopathie ;
  • Douleurs osseuses diffuses : pouvant être liées à un myélome multiple ;
  • Crises d’épilepsie : pouvant être le signe inaugural de certaines tumeurs cérébrales.

À retenir : La présence de ces signes n’indique pas nécessairement un cancer. Ils peuvent également être observés dans d’autres contextes, comme certaines infections ou maladies auto-immunes.
Cependant, tout symptôme persistant, inexpliqué ou qui s’aggrave dans le temps doit motiver une consultation médicale, afin d’en identifier la cause et, si besoin, d’initier une prise en charge appropriée.

2. Quels sont les symptômes liés à l’extension de la maladie ?

Dans l’évolution d’un cancer, les symptômes peuvent refléter soit l’extension locale de la tumeur, soit la présence de métastases, soit la survenue d’un syndrome paranéoplasique. Ces manifestations sont variables selon le type de cancer, sa localisation et les organes atteints.

Au cours de l’évolution d’un cancer, la tumeur peut s’étendre aux structures anatomiques voisines. Cette extension peut entraîner une grande diversité de symptômes, qui varient selon la localisation de la tumeur et les tissus envahis.

Parmi les manifestations fréquentes, on retrouve :

  • Douleurs locales :
    • Nociceptives : causées par l’infiltration des tissus ou organes adjacents (ex. : douleur thoracique dans un cancer pulmonaire envahissant la plèvre ou la paroi thoracique) ;
    • Neuropathiques : liées à l’atteinte des structures nerveuses (ex. : douleur irradiant dans le dos et l’abdomen dans un cancer du pancréas envahissant le plexus coeliaque).
  • Gonflement ou masse palpable : lié à l’augmentation du volume tumoral ou à l’envahissement des ganglions lymphatiques régionaux (adénopathies).
  • Altérations cutanées ou muqueuses : en lien avec une infiltration tumorale locale, pouvant se manifester par :
    • Ulcération persistante ;
    • Rougeur ou inflammation locale ;
    • Épaississement cutané (ex. : aspect en « peau d’orange » dans certains cancers du sein).

À un stade avancé, certains cancers peuvent se disséminer à distance de la tumeur initiale sous forme de métastases. Ces tumeurs secondaires peuvent affecter différents organes et entraîner des symptômes variés selon leur localisation.

A. Métastases osseuses

Fréquentes dans les cancers avancés, en particulier ceux du sein, de la prostate ou du poumon, les métastases osseuses peuvent se manifester par :

  • Douleurs osseuses persistantes, souvent plus marquées la nuit ou au repos ;
  • Diminution progressive de la taille, pouvant traduire un tassement vertébral ;
  • Fractures survenant sans traumatisme majeur, touchant notamment les vertèbres ou les os longs.
  • Signes neurologiques liés à une compression médullaire :
    • Faiblesse musculaire progressive des membres inférieurs ;
    • Engourdissements ou fourmillements dans les bras ou les jambes ;
    • Troubles de la marche, perte d’équilibre.

À noter : toute suspicion de compression médullaire nécessite une prise en charge en urgence.


B. Métastases cérébrales

Selon la localisation des lésions et leur effet sur les structures cérébrales, les métastases cérébrales peuvent provoquer :

  • Hypertension intracrânienne :
    • Céphalées (maux de tête) ;
    • Nausées et vomissements.
  • Crises d’épilepsie : apparition récente, sans antécédent connu ;
  • Signes neurologiques focaux :
    • Faiblesse d’un côté du corps (hémiparésie) ;
    • Troubles de la parole (aphasie) ;
    • Perte partielle du champ visuel (hémianopsie) ;
    • Troubles de l’équilibre ou de la coordination.
  • Troubles psychiques ou cognitifs :
    • Changements de personnalité ;
    • Troubles du comportement ;
    • Hallucinations visuelles ou auditives.


C. Métastases pulmonaires

L’atteinte des poumons ou de la plèvre (membrane entourant les poumons) peut se manifester par :

  • Toux persistante, sèche ou productive ;
  • Essoufflement (dyspnée), d’apparition progressive ; 
  • Douleurs thoraciques, souvent aggravées à l’inspiration en cas d’atteinte de la plèvre ;
  • Expectorations sanglantes (hémoptysie), plus rarement.

À noter : Un épanchement pleural tumoral peut également survenir, entraînant une compression pulmonaire et une gêne respiratoire marquée.


D. Métastases hépatiques

Souvent silencieuses au début, les métastases du foie peuvent entraîner, au fil du temps :

  • Douleur ou pesanteur sous les côtes droites ;
  • Augmentation de volume du foie (hépatomégalie) ;
  • Yeux ou peau jaunâtre (ictère) en cas d’obstruction des voies biliaires par la tumeur ;
  • Fatigue accrue, nausées, ou perte d’appétit.


E. Autres localisations métastatiques

Certaines localisations moins fréquentes peuvent aussi entraîner des symptômes spécifiques. 

Par exemple :

  • Métastases péritonéales : accumulation de liquide dans l’abdomen (ascite), entraînant un gonflement abdominal, une gêne digestive ou une prise de poids rapide ;
  • Métastases surrénaliennes : généralement silencieuses, elles peuvent aussi s’accompagner de douleurs au niveau de l’abdomen, du flanc ou du dos.
  • Métastases cutanées : nodules sous-cutanés, parfois inflammatoires ou douloureux.

Parfois, un cancer peut provoquer des manifestations non directement liées à la présence de la tumeur ou de ses métastases. Elles résultent soit de la sécrétion de substances par la tumeur, soit d’une réaction immunologique croisée entre des anticorps dirigés contre la tumeur et un autre tissu de l’organisme.

Jusqu’à 20 % des personnes atteintes d'un cancer présentent un syndrome paranéoplasique. Les signes peuvent être variés.

A. Manifestations cutanées

Les signes cutanés sont fréquents et peuvent notamment prendre la forme :

  • Prurit : sensation de démangeaison généralisée ou localisée, sans lésions visibles ;
  • Bouffées de chaleur : rougeur transitoire de la peau liée à la libération de médiateurs vasoactifs ;
  • Lésions pigmentées, notamment acanthosis nigricans : épaississement et hyperpigmentation brunâtre, surtout au niveau des plis cutanés (cou, aisselles).

B. Troubles endocriniens

Les syndromes endocriniens paranéoplasiques résultent de la sécrétion d’hormones par la tumeur ou ses métastases. Les plus fréquents : 

  • Syndrome de Cushing : excès de cortisol secondaire à une sécrétion ectopique d’une hormone hypophysaire (ACTH) ;
  • Hyponatrémie : taux de sel sanguin anormalement bas, souvent lié à une sécrétion inappropriée d’hormone antidiurétique (SIADH) ;
  • Hypoglycémie : baisse anormale de la glycémie, due à une sécrétion tumorale d’insuline ou de substances mimant son action.

C. Anomalies hématologiques

Elles peuvent être liées à une production anormale de cellules sanguines ou à des mécanismes auto-immuns déclenchés par la tumeur. Par exemple : 

  • Thrombopénie immunitaire : destruction des plaquettes par des anticorps ;
  • Anémie hémolytique auto-immune : destruction des globules rouges par des anticorps ;
  • Syndrome d’hyperviscosité : épaississement du sang par excès de globules rouges (polyglobulie).

D. Troubles neurologiques

Ils sont dus à une atteinte inflammatoire ou auto-immune du système nerveux induite par la tumeur comme : 

  • Neuropathie périphérique : atteinte des fibres nerveuses, entraînant souvent des engourdissements, fourmillements ou faiblesse musculaire ;
  • Syndrome de Guillain-Barré : atteinte inflammatoire aiguë des racines nerveuses avec faiblesse progressive ;
  • Myasthénie : fatigabilité musculaire excessive, touchant souvent les muscles oculaires et de la déglutition.

E. Manifestations musculaires

Les atteintes musculaires paranéoplasiques sont le plus souvent liées à une inflammation des fibres musculaires (polymyosite, dermatomyosite) liée à un processus auto-immun.

À retenir : Les symptômes liés à l’aggravation d’un cancer peuvent être difficiles à différencier des effets secondaires des traitements. Ils ne sont donc pas toujours le signe d’une progression de la maladie.

Néanmoins, tout symptôme inhabituel, persistant ou s’aggravant doit faire l’objet d’une évaluation médicale, afin d’en identifier la cause et, si nécessaire, d’ajuster ou de mettre en place une prise en charge adaptée.

3. Quels symptômes sont fréquemment liés aux traitements ?

Les traitements anticancéreux (chimiothérapie, radiothérapie, thérapies ciblées, hormonothérapie, immunothérapie…) peuvent entraîner des effets secondaires variables, selon les protocoles utilisés et la sensibilité individuelle de chaque personne.

Parmi les effets indésirables les plus fréquents, on retrouve :

  • Fatigue chronique, persistante malgré le repos ;
  • Nausées, vomissements, perte d’appétit ;
  • Perte des cheveux et/ou des poils ;
  • Troubles digestifs : diarrhée, constipation, brûlures d’estomac ;
  • Atteintes cutanées : sécheresse, rougeurs, démangeaisons, fragilité des ongles ;
  • Douleurs musculaires ou articulaires ;
  • Neuropathies périphériques : picotements, engourdissements ou douleurs dans les mains et les pieds ;
  • Troubles hormonaux : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, baisse de la libido, troubles du cycle menstruel.

À retenir : Bien que souvent transitoires, ces effets secondaires nécessitent une prise en charge adaptée afin de préserver au mieux la qualité de vie.

4. Quels symptômes peuvent persister à distance de la maladie ?

Même après la fin des traitements, et en l'absence de récidive, certains symptômes peuvent persister sur le long terme. Ils constituent parfois un handicap invisible, impactant la vie quotidienne.

Les principaux symptômes rapportés sont :

  • Fatigue chronique, non améliorée par le repos ;
  • Douleurs persistantes : notamment neuropathiques, musculaires ou articulaires ;
  • Troubles cognitifs légers : difficultés de concentration, troubles de la mémoire (« brain fog ») ;
  • Troubles hormonaux : bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, baisse de la libido, troubles du cycle menstruel.
  • Lymphœdème : gonflement chronique d’un membre, notamment après chirurgie ou radiothérapie.

À retenir : Ces symptômes peuvent nécessiter un suivi pluridisciplinaire, reposant le plus souvent sur des approches non médicamenteuses : kinésithérapie, orthophonie, soutien psychologique… L’objectif est d’améliorer le confort, de préserver l’autonomie et d’optimiser la qualité de vie.

 


Fiche rédigée par Camille Racca. Mise en ligne le 08-08-2025.
Sources :

Partie 1. Signes précoces 

Partie 2. Signes d’extension

Partie 3 et 4. Effets secondaires des traitements et après-cancer