Biothérapies et thérapies ciblées en rhumatologie
Les biothérapies et thérapies ciblées représentent une avancée majeure dans le traitement des maladies inflammatoires chroniques, notamment en rhumatologie. Elles visent à moduler spécifiquement le système immunitaire pour contrôler l'activité de la maladie sur le long terme, réduisant ainsi la nécessité de recourir à des traitements symptomatiques tels que les anti-inflammatoires ou les antalgiques.
1. Introduction et nomenclature
Les traitements de fond se distinguent des traitements dits "symptomatiques" (antalgiques, anti-inflammatoires, etc.). Leur objectif est de contrôler la maladie inflammatoire sur le long terme tout en réduisant la consommation des traitements symptomatiques. Dans la nomenclature anglo-saxonne, ces traitements sont désignés sous le terme DMARD (Disease-Modifying AntiRheumatic Drugs).
On distingue trois classes de DMARD :
- csDMARD (conventional synthetic DMARD) : représentés principalement par le méthotrexate et le léflunomide, mais également par la sulfasalazine et l'hydroxychloroquine.
- bDMARD (biological DMARD) : traitements biologiques ciblés tels que les anti-TNF, anti-IL-6, anti-IL-1, anti-IL-17, anti-IL-23, anti-lymphocytes B (rituximab), anti-BAFF (bélimumab) ou anti-lymphocytes T (abatacept).
- tsDMARD (targeted synthetic DMARD) : inhibiteurs de Janus kinases (JAKi) et inhibiteur de la phosphodiestérase (aprémilast).
Parmi les bDMARD, on distingue les originaux (boDMARD) et les biosimilaires (bsDMARD), présents sur le marché français depuis 2016. Les biosimilaires sont des copies des molécules originales mais doivent démontrer une efficacité et une tolérance similaires à la molécule originale dans un essai clinique. Leur coût est généralement moins élevé.
2. Mécanismes d'action
Les biomédicaments agissent principalement selon deux mécanismes :
- Neutralisation directe d'une cytokine ou blocage de son récepteur : exemples : anti-TNF, anti-IL-6, anti-IL-1, anti-IL-17, anti-IL-23.
- Ciblage d'une molécule membranaire spécifique d'une cellule :
- Régulation de l'activation cellulaire : abatacept (CTLA4-Ig), bélimumab (anti-BAFF).
- Induction de la mort cellulaire : rituximab (anti-CD20).
Ces biomédicaments peuvent être administrés sous forme d'anticorps monoclonaux (suffixe -mab) ou de protéines de fusion (suffixe -cept). Le préfixe de la DCI indique l'origine de la molécule (murine, chimérique, humanisée ou humaine) et le risque potentiel d’immunogénicité.
3. Indications
Ces traitements sont utilisés dans les maladies inflammatoires chroniques :
- Polyarthrite rhumatoïde
- Spondylarthrites inflammatoires
- Psoriasis
- Maladies systémiques auto-immunes
Le choix du traitement dépend de la pathologie spécifique, de la réponse aux traitements antérieurs et des caractéristiques individuelles de la personne suivie.
4. Bilan préalable à l'initiation
Avant d’initier un traitement ciblé, il est essentiel de réaliser :
- Évaluation clinique détaillée
- Analyses biologiques (numération formule sanguine, fonction hépatique et rénale)
- Examens spécifiques selon la pathologie (radiographies, échographies, etc.)
- Évaluation du statut vaccinal et antécédents infectieux
5. Suivi et surveillance
Le suivi inclut :
- Contrôle régulier de l’efficacité et de la tolérance du traitement
- Analyses biologiques périodiques
- Surveillance des signes d’infections ou d’effets secondaires
Des ajustements ou changements de traitement peuvent être envisagés selon la réponse clinique.
Conclusion
Les biothérapies et thérapies ciblées ont transformé le traitement des maladies inflammatoires chroniques. Grâce à leur action spécifique, elles permettent un contrôle efficace de la maladie tout en limitant les effets secondaires des traitements classiques. Une évaluation rigoureuse avant l’initiation et un suivi continu sont essentiels pour optimiser les bénéfices et garantir la sécurité.
Source : site du COFER lecofer.org.