Thérapie EMDR avec les tout-petits (0-4 ans)
Un accompagnement précoce pour les bébés, jeunes enfants et leurs parents : prévenir les effets durables des premières expériences difficiles grâce à une méthode douce et adaptée.
Pourquoi proposer l’EMDR dès la petite enfance ?
Les bébés et jeunes enfants peuvent vivre des expériences difficiles avant même de savoir parler : séparation, hospitalisation, naissance compliquée, deuil, conflits familiaux. Ces vécus peuvent laisser une trace durable et impacter leur développement.
Sur le plan neurobiologique, le cerveau du tout-petit est encore en plein développement : l’hippocampe, qui aide à organiser les souvenirs, est immature, tandis que l’amygdale, qui gère les émotions, est très active. Les souvenirs peuvent donc s’inscrire de façon implicite (corporelle, sensorielle) et ressurgir plus tard.
L’EMDR peut les aider à retrouver calme, sécurité et plaisir de vivre, tout en renforçant le lien avec leurs parents. L’intervention précoce profite de la grande plasticité du cerveau à cet âge.
Quels signes peuvent alerter ?
- Pleurs fréquents, inconsolables
- Troubles du sommeil ou de l’alimentation
- Retrait, absence de sourire ou de jeu
- Colères inhabituelles, réactions de peur inexpliquées
- Difficultés à se calmer ou à se séparer
- Régressions après un événement marquant
- Hypervigilance persistante (enfant très à l’affût de tout)
- Manifestations somatiques (eczéma, troubles digestifs) sans cause médicale claire
Comment se déroule une thérapie EMDR avec un tout-petit ?
1. Une démarche qui inclut les parents
Le parent est impliqué activement dans le processus, pour soutenir son enfant et participer à l’exploration du vécu émotionnel. Parfois, le travail se fait uniquement avec le parent lorsque l’enfant est trop jeune ou trop stressé pour recevoir directement les stimulations. Le lien d’attachement est renforcé tout au long du suivi.
2. Le thérapeute adapte la méthode à l’âge de l’enfant
Le protocole EMDR est simplifié selon le développement de l’enfant. L’enfant peut s’exprimer par le jeu, le dessin, les histoires. Les stimulations sont adaptées : tapotements doux, sons alternés, gestes par le parent. La narration est souvent ritualisée (même lieu, même moment, objets rassurants) pour créer un cadre stable.
Le thérapeute utilise un double focus attentionnel : maintenir l’image ou la sensation difficile tout en introduisant un élément sécurisant.
3. Exemples selon l’âge
Bébés (0–1 an) : travail d’abord avec les parents, stimulations douces avec la voix ou le toucher, chansons rythmées.
1–3 ans : jeux simples, histoires courtes et métaphoriques, tapotements par le parent, dessins.
3–4 ans : jeux symboliques, marionnettes, câlin papillon (mains croisées sur la poitrine), petites mises en scène.
Quels sont les objectifs ?
- Apaiser les symptômes post-traumatiques ou anxieux
- Restaurer un sentiment de sécurité
- Renforcer la relation parent-enfant
- Favoriser un développement harmonieux sur les plans émotionnel, cognitif et social
L’Organisation mondiale de la Santé recommande l’EMDR pour les troubles de stress post-traumatique, y compris chez l’enfant, bien que les recherches sur les moins de 4 ans soient encore en cours. Le soutien parental est essentiel pour accompagner le processus émotionnel de l’enfant entre les séances.