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Rhumatismes Inflammatoires & Douleurs

Les rhumatismes inflammatoires, tels que la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante, sont des maladies chroniques fréquentes.

La douleur est l’un des symptômes prédominants et elle peut persister même lorsque l’inflammation est contrôlée grâce aux traitements de fond. Ainsi, il est intéressant de mettre en lumière cette thématique spécifique.

1. Les douleurs nociceptives

Dans les rhumatismes inflammatoires, les douleurs les plus fréquentes sont nociceptives. Le plus souvent, elles sont provoquées par l’activation des récepteurs à la douleur (nocicepteurs) par les processus inflammatoires.

Les douleurs inflammatoires présentent en général les caractéristiques suivantes :

  • Raideurs articulaires, surtout matinales, durant plus de 30 minutes
  • Signes visibles d’inflammation : chaleur, rougeur, gonflement
  • Amélioration avec le mouvement, contrairement aux douleurs mécaniques
  • Évolution par poussées, avec des phases de crise et d'accalmie
  • Réveils nocturnes, notamment en fin de nuit, sans cause mécanique apparente

Dans certains cas, les douleurs nociceptives observées chez les personnes atteintes de rhumatismes inflammatoires ne sont plus liées à l’inflammation active, mais à des séquelles articulaires ou osseuses (déformations, destructions, raideurs…).

Il s’agit alors de douleurs mécaniques, qui présentent des caractéristiques différentes :

  • Localisation précise, au niveau des zones usées ou déformées
  • Intensification à l’effort ou à la mobilisation prolongée
  • Amélioration au repos
  • Absence de signes inflammatoires visibles

La distinction entre douleur inflammatoire et douleur mécanique est importante pour adapter la stratégie de traitement, qu’il s’agisse de médicaments, de kinésithérapie ou d'autres approches.

2. Les douleurs nociplastiques

Même après un bon contrôle de l’inflammation et en l'absence de séquelles articulaires, certaines personnes ressentent encore des douleurs. Ces douleurs dites nociplastiques sont liées à une altération du fonctionnement des systèmes de modulation de la douleur au niveau du système nerveux central (cerveau et moelle épinière).

Elles surviennent sans lésion active et concernent 40% des personnes avec une polyarthrite rhumatoïde précoce, dont 20% ont une fibromyalgie associée.

Classiquement, les douleurs nociplastiques :

  • sont diffuses et touchent des zones plus étendues que les articulations 
  • peuvent être associées à une allodynie, c’est-à-dire une augmentation de la douleur provoquée par des stimuli tels que le toucher
  • s'accompagnent fréquemment de troubles cognitifs, de l'humeur et du sommeil. 

Ces douleurs invalidantes contrastent avec des articulations peu ou pas gonflées et une inflammation contrôlée grâce aux traitements de fond.

3. Quelle en est la prise en charge ?

La prise en charge des rhumatismes inflammatoires est globale. Elle repose à la fois sur le traitement de l’inflammation et sur une approche pluridisciplinaire de la douleur, adaptée à chaque personne.

  • Anti-inflammatoires (AINS) : comme l’ibuprofène ou le diclofénac, utilisés pour soulager la douleur et l’inflammation en phase aiguë. Leur usage reste généralement temporaire, car une prise prolongée peut entraîner des effets indésirables (estomac, reins, cœur)
  • Corticoïdes : efficaces pour calmer rapidement une poussée inflammatoire important. Leur utilisation reste limitée dans le temps en raison de possibles effets secondaires (prise de poids, diabète, hypertension…).

Dans les rhumatismes inflammatoires chroniques, il est généralementmis en place un ou plusieurs traitements de fond. Contrairement aux médicaments qui soulagent uniquement les symptômes (comme les antidouleurs ou les anti-inflammatoires), ces traitements visent à :

  • ralentir l’évolution de la maladie
  • réduire la fréquence des poussées
  • prévenir les atteintes irréversibles des articulations ou des organes

Le choix du traitement dépend de plusieurs éléments : la maladie en cause, la nature des atteintes, leur sévérité, mais aussi des autres maladies associées ou des traitements déjà en cours.

En complément des traitements de fond, certains médicaments peuvent être utilisés spécifiquement pour soulager la douleur, notamment lorsqu’elle persiste malgré un bon contrôle de l’inflammation.  Le choix des antalgiques dépend du type de douleur (inflammatoire, mécanique, nociplastique ou mixte), de son intensité, de son retentissement sur la qualité de vie, et du profil global de la personne.

Paracétamol :

  • Utilisé en première intention, notamment pour les douleurs légères à modérées.
  • Bien toléré s’il est pris aux doses recommandées.

Tramadol, codéine :

  • Antalgiques de palier 2, souvent associés au paracétamol.
  • Prescrits en cas de douleurs modérées à sévères.
  • Il existe un risque de dépendance en cas d’usage prolongé.

Morphine, oxycodone :

  • Antalgiques de palier 3 (opioïdes forts), non recommandés dans les rhumatismes inflammatoires.
  • Ils peuvent induire une augmentation paradoxale de la sensibilité à la douleur (hyperalgésie paradoxale)/ 
  • Leur usage reste exceptionnel et doit être encadré par une équipe spécialisée.

Coantalgiques :

  • Médicaments initialement prescrits pour d’autres indications, souvent efficaces sur les douleurs nociplastiqus 
  • Les molécules les plus utilisés sont l'amitriptyline et la duloxétine
  • Ils agissent sur les mécanismes centraux de la douleur, et sont ainsi particulièrement utiles lorsque les douleurs sont diffuses, mal localisées, et associées à des troubles du sommeil ou de l’humeur.

Tout d’abord, l’activité physique et la kinésithérapie sont fortement recommandées en raison de son impact sur les douleurs et la qualité de vie. 

De plus, même si les preuves scientifiques de leur efficacité sont globalement faibles, les études scientifiques indiquent que  : 

  • la neurostimulation électrique transcutanée (TENS) aurait une action bénéfique sur la douleur et la force musculaire 
  • la méditation pleine conscience améliorerait les douleurs et l’humeur 
  • la thérapie cognitive-comportementale agirait surtout sur l’anxiété et la fatigue
  • l’acupuncture pourrait diminuer l’inflammation et améliorer la qualité de vie 
  • le Tai-Chi diminuerait l’intensité des douleurs 
  • l’hypnose et l’auto-hypnose pourraient agir sur les douleurs articulaires, leur efficacité ayant déjà été montrée dans les douleurs musculosquelettiques.

Ainsi, cette approche intégrative doit être personnalisée et peut participer à améliorer la qualité de vie. Elle prend en compte de nombreux facteurs, tels que le mode de vie et les ressources disponibles. En effet, même si les interventions non médicamenteuses ont peu d’effets indésirables, leur remboursement reste rare.

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  •  Qu'est ce que les spondylarthrites ? 
  •  Comment sont-elles diagnostiquées ? 
  •  Quelles en sont les répercussions ? 
  •  Comment sont-elles prises en charge ?

Si vous avez des questions ou des idées de projet sur les rhumatismes inflammatoires, vous pouvez contacter : 

Anais Raoult, anais.raoult@drawyourfight.org, référente du pôle Rhumato


Fiche réalisée par Camille Racca et Julia Franken. Mise à jour le 14-06-2025.

Sources :