Evaluation de la douleur de l'adulte avec des difficultés de compréhension

Chez les adultes ayant des difficultés cognitives, intellectuelles ou langagières, l’auto-évaluation est rarement possible. L’évaluation repose alors sur une observation rigoureuse du comportement, par un professionnel, un aidant ou un proche connaissant bien la personne, à l’aide d’échelles d’hétéroévaluation validées.

1. Quand utiliser les échelles d’hétéroévaluation ?

Les échelles d’hétéroévaluation sont indiquées lorsque la personne n’est pas en mesure d’exprimer sa douleur de façon fiable, en réponse à une consigne simple.

Elles sont particulièrement utiles dans les situations suivantes

Démences ou troubles cognitifs modérés à sévères, notamment en cas d’anosognosie (non reconnaissance du trouble) ;
Déficience intellectuelle modérée à sévère, en particulier en situation de polyhandicap (association de déficiences motrices et mentales sévères entraînant une restriction extrême de l'autonomie) ;
Troubles du neurodéveloppement, lorsque la compréhension ou l’expression est altérée ;
Troubles du langage, en l’absence d’un autre mode de communication utilisable ;
Altérations transitoires de la communication (état confusionnel, sédation, etc.).

2. Quelles sont les principales échelles d’hétéroévaluation ?

Les outils d’évaluation varient selon les contextes cliniques. On distingue principalement les échelles à destination :

Des personnes âgées non communicantes

ALGOPLUS : Évalue la douleur aiguë à partir de 5 items comportementaux simples (visage, plaintes, posture, protection, comportement).
DOLOPLUS 2 : Destinée à la douleur chronique, elle analyse 10 items répartis en trois dimensions (somatique, psychomotrice, psychosociale).
ECPA : Échelle spécifique à la douleur induite par les soins (mobilisation, toilette), elle analyse 10 comportements liés à la douleur.
PACSLAC : Grille d’observation développée pour l’évaluation en institution, elle comprend 60 items organisés en 4 domaines (expressions faciales, vocalisations, changements corporels, comportements sociaux/personnels).
PAIC-15 : Échelle européenne, elle évalue la douleur grâce à 15 items comportementaux.

Des personnes en situation de polyhandicap :

Échelle de San Salvador : Spécifiquement conçue pour le polyhandicap, elle repose sur l’observation de 20 manifestations corporelles, émotionnelles et comportementales.
ECPA-Poly : Version adaptée de l’ECPA, elle analyse avec 15 items les manifestations douloureuses propres au polyhandicap sévère
Échelle de FLACC adaptée : Initialement conçue pour les jeunes enfants, cette échelle a été adaptée aux adultes avec polyhandicap avec l'analyse de 5 comportements.
EDAAP : Conçue pour les adolescents ou adultes, cette échelle repose sur l’observation de 21 comportements inhabituels, répartis en 6 catégories

Des personnes avec une déficience intellectuelle (DI) modérée à sévère

GED-DI : Spécifiquement conçue pour la DI modérée à sévère, cette grille repose sur l’observation de 10 comportements évocateurs de douleur, répartis en trois dimensions (signes corporels, comportements inhabituels, modifications émotionnelles et relationnelles)