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Maladie de Lyme et douleurs chroniques

La maladie de Lyme est une infection bactérienne causée par une bactérie du genre Borrelia, transmise à l’humain par la morsure d’une tique infectée, généralement après un contact prolongé (plus de 24 heures). Elle évolue en trois phases :

  • une phase précoce localisée (érythème migrant)
  • une phase secondaire avec dissémination de la bactérie
  • puis une phase tardive pouvant survenir plusieurs mois après la piqûre.

Les manifestations cliniques sont très variées, ce qui peut rendre le diagnostic difficile. Les douleurs font partie des symptômes les plus fréquents et les plus invalidants aux phases avancées, et elles peuvent persister après un traitement antibiotique efficace.

1. Quelles douleurs peuvent survenir en cas de maladie de Lyme ?

D’après l’IASP (International Association for the Study of Pain), il existe trois grands types de douleurs chroniques, selon leur mécanisme : nociceptive, neuropathique et nociplastique. Elles peuvent toutes survenir dans le cadre de la borréliose de Lyme. 

A. Douleurs articulaires

Les douleurs articulaires sont l’un des symptômes les plus typiques de la phase secondaire ou tertiaire de la borréliose. Elles touchent en particulier les grosses articulations, comme les genoux, les hanches ou les épaules. Ces douleurs sont le résultat d’une inflammation aiguë ou chronique des articulations, parfois avec épanchement articulaire ou raideur. On parle alors d’arthrite de Lyme, qui peut être intermittente ou persistante, et migrer d’une articulation à une autre. Ce sont des douleurs nociceptives inflammatoires, parfois confondues avec une pathologie rhumatismale chronique.

B. Douleurs neuropathiques

La maladie de Lyme peut également toucher le système nerveux périphérique ou central. On parle alors de neuroborréliose.

La neuroborréliose peut notamment se manifester par une inflammation des racines nerveuses (radiculite) ou des nerfs périphériques, responsable de douleurs neuropathiques intenses, souvent nocturnes, localisées sur le trajet d’un ou plusieurs nerfs. Ces douleurs peuvent s’accompagner de troubles sensitifs comme des fourmillements, engourdissements, ou une hypersensibilité au toucher (allodynie).

C. Douleurs nociplastiques

Chez environ 10% des personnes, les douleurs persistent malgré un traitement antibiotique correctement mené. Ces douleurs sont souvent diffuses, mal localisées, à type de brûlures, courbatures ou sensations d’étau, parfois associées à une fatigue intense, des troubles du sommeil et des troubles cognitifs (troubles de la concentration, de la mémoire).

Ce tableau est appelé syndrome post-maladie de Lyme, et s’apparente sur le plan clinique et physiopathologique à la fibromyalgie. Dans ce cas, on parle de douleurs nociplastiques, liées à un dysfonctionnement des systèmes de controle de la douleur au niveau du système nerveux central (cerveau et moelle épinière).

2. Comment la maladie de Lyme est-elle diagnostiquée ?

En dehors de l’atteinte cutanée localisée (érythème migrant), dont le diagnostic est clinique et ne nécessite aucun examen complémentaire, le diagnostic des formes disséminées de la maladie de Lyme repose sur une analyse croisée des symptômes, de l’histoire clinique et des examens biologiques.

L’examen de référence est la sérologie sanguine, qui consiste à rechercher la présence d’anticorps spécifiques dirigés contre la bactérie Borrelia. Cette sérologie est réalisée en deux temps : un test ELISA de dépistage, suivi, en cas de résultat positif ou douteux, d’un test de confirmation par immunoblot (Western blot).

La présence d’anticorps dans le sang ne permet pas à elle seule d’affirmer un diagnostic actif, car ils peuvent persister plusieurs années après une infection ancienne. La sérologie doit donc être interprétée avec prudence, par un médecin spécialiste, en tenant compte du contexte clinique, des symptômes, du délai depuis la morsure de tique, et d’éventuelles expositions antérieures.

En cas de suspicion d’atteinte neurologique (neuroborréliose), une ponction lombaire est généralement indiquée pour analyser le liquide céphalo-rachidien. Cette analyse permet de rechercher des anomalies inflammatoires et surtout la présence d’anticorps intrathécaux spécifiques de Borrelia, qui signent une réponse immunitaire localisée dans le système nerveux central.

Dans certaines situations particulières (arthrite persistante, troubles cardiaques, atteinte oculaire), d’autres examens peuvent être proposés : ponction articulaire, ECG, IRM cérébrale ou médullaire, selon les manifestations. 

3. Quelle prise en charge pour la borréliose de Lyme ?

Le traitement de la borréliose de Lyme repose sur deux volets complémentaires : l’éradication de l’infection et le soulagement des symptômes associés, en particulier les douleurs.

A. Eradication de l'infection

La prise en charge initiale repose sur une antibiothérapie adaptée, dont la durée est généralement de 2 à 3 semaines, selon la phase de la maladie et les organes atteints. Les antibiotiques les plus couramment prescrits sont la doxycycline, l’amoxicilline ou, en cas d’allergie ou de contre-indication, la ceftriaxone en perfusion. Ce traitement permet, dans la grande majorité des cas, une amélioration nette des symptômes infectieux.

En cas de symptômes persisitant malgré un traitement antibiotique correctement mené, et en l'absence de signes d'infective active, les autorités sanitaires, sur la base des données scientifiques actuelles, ne recommande pas la poursuite ou la reprise d’antibiotiques. En effet, dans ce contexte, elle n'apporterait aucun bénéfice et pourrait, au contraire, entraîner des effets indésirables importants.

B. Prise en charge de la douleur 

La prise en charge repose sur une approche globale, centrée sur le soulagement des symptômes et l’amélioration de la qualité de vie.

En première intention, les approches non médicamenteuses sont privilégiées : 

  • kinésithérapie et activité physique adaptée (APA)
  • programmes d’éducation thérapeutique
  • techniques psychocorporelles de gestion de la douleur et du stress (hypnose, exercices respiratoires de relaxation, etc)
  • soutien psychologique.

En fonction de la nature et de l’intensité des douleurs, il est également possible d’introduire des traitements médicamenteux à visée antalgique. En cas de douleurs neuropathiques et nociplastiques, on privilégie un traitement de fond.

Ce traitement de fond peut inclure :

  • un antidépresseur tricyclique (comme l’amitriptyline) ou un inhibiteur de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (comme la duloxétine), qui agissent en renforçant les systèmes naturels de contrôle de la douleur ;
  • et/ou un antiépileptique (comme la gabapentine ou la prégabaline), qui permet de réduire la transmission des signaux douloureux en modulant l’excitabilité neuronale.

Plus rarement, on utilise également des antalgiques conventionnels de palier 1 (ex. paracétamol, néfopam) et/ou de palier 2 (ex. codéine, tramadol)

Ces traitements sont introduits progressivement, réévalués régulièrement, et intégrés dans une approche globale centrée sur le soulagement des symptômes, le maintien de l’autonomie et l’amélioration de la qualité de vie.


Fiche créée par Camille Racca. Relue par Dr. Marie-Hélène Delmotte, médecin de la douleur. Mise à jour le 15-06-2025.

Sources :
● S. Perrot. Congrès SFETD - Maladie de Lyme et douleurs. 2023.
● E. Renault-Tessier. Douleur aigüe et chronique associée à Lyme Borreliosis. 2020.
● J. Scieszka et al. Post-Lyme disease syndrome. 2015.
● S. Ranque-Garnier et al. Management of patients presenting with generalized
musculoskeletal pain and a suspicion of Lyme disease. 2019.
● HAS. Borréliose de Lyme et autres maladies vectorielles à tiques (MVT). 2018.
● J. Nemeth. Update of the Swiss guidelines on post-treatment Lyme disease
syndrome. 2016.