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Les douleurs liées au cancer

Dans le contexte du cancer, la douleur peut survenir à tous les stades de la maladie, depuis le diagnostic jusqu’aux traitements, et persister après la rémission. Elle résulte de mécanismes multiples, souvent intriqués, qui rendent son évaluation et sa prise en charge particulièrement complexes.

D’après l’IASP (International Association for the Study of Pain), on distingue trois grands types de douleurs chroniques selon leur mécanisme : nociceptive, neuropathique et nociplastique. Appliquée aux douleurs liées au cancer, cette classification offre un cadre structurant qui permet une meilleure compréhension des symptômes et aide à la mise en place d'une prise en charge adaptée.

1. La douleur nociceptive

La douleur nociceptive se définit comme une douleur causée par une lésion mécanique ou inflammatoire des tissus (peau, muscles, os, organes).

Dans le contexte du cancer, ce type de douleur est le plus fréquent. Elle peut résulter :

  • de la pression, de l’étirement ou de la distension d’un organe ou d’un os par la tumeur ;
  • de la libération de médiateurs inflammatoires induite par la progression tumorale ;
  • d’un traumatisme des tissus ou des organes, secondaire aux traitements (chirurgie, radiothérapie) ou aux gestes diagnostiques (biopsie, ponction…).

Dans certains cas, cette douleur persiste malgré la disparition des lésions. Cela s'explique par une hypersensibilité durable des récepteurs périphériques ou des circuits centraux de la douleur. Ce phénomène, appelé hypersensibilisation, contribue à la chronicisation de la douleur.

2. La douleur neuropathique

Les douleurs neuropathiques sont causées par une lésion du système nerveux centrale (moelle épinière, cerveau) ou périphérique (nerfs).

Dans le cadre du cancer, elles surviennent fréquemment : 

  • en cas d’infiltration d’un nerf ou d’un plexus nerveux par la tumeur ;
  • après une chirurgie, entraînant une lésion des fibres nerveuses locales ;
  • ou à la suite de traitements neurotoxiques, notamment certaines chimiothérapies (ex. : taxanes, platines, vincristine).

Ces douleurs sont souvent bien localisées sur un territoire nerveux et décrites comme :

  • brûlures ou sensations de froid douloureux,
  • décharges électriques, douleurs en coup de poignard ou broiement.

Elles s’accompagnent classiquement de troubles sensitifs :

  • Paresthésies : sensations anormales non douloureuses (fourmillements, picotements) ;
  • Allodynie : douleur déclenchée par un stimulus normalement indolore (toucher léger, vêtement) ;
  • Hyperalgésie : douleur exagérée pour un stimulus faiblement douloureux.

Souvent invalidantes, ces douleurs tendent à devenir chroniques et peuvent impacter durablement la qualité de vie, y compris après la rémission. Selon l’enquête nationale VICAN5, menée cinq ans après un cancer, près de 4 personnes sur 10 souffrant de douleurs chroniques présentaient des signes évocateurs de douleur neuropathique (score positif au DN4).

3. La douleur nociplastique

La douleur nociplastique résulte d’un dysfonctionnement des systèmes de modulation de la douleur au sein du système nerveux central (moelle épinière, cerveau), sans lésion identifiable des tissus ou des nerfs.

Dans le contexte du cancer, ce type de douleur est notamment responsable :

  • des douleurs persistantes observées chez certaines personnes en rémission, en l’absence d’atteinte organique ou nerveuse objectivable ;
  • des douleurs survenant sous hormonothérapie prolongée, notamment dans les cancers du sein ou de la prostate.

Les personnes concernées décrivent souvent :

  • des douleurs diffuses, mal localisées, à type de courbatures, brûlures ou pesanteur ;
  • des signes d’hypersensibilité : hyperalgésie (douleur amplifiée) et parfois allodynie (douleur au simple toucher).

4. Les retentissements et la prise en charge

Quel que soit leur mécanisme, les douleurs chroniques associées au cancer représentent un véritable handicap. Près de 69 % des personnes concernées déclarent des difficultés dans les activités quotidiennes.

Souvent, elles ont un retentissement majeur sur la qualité de vie. Plus elles durent, plus elles deviennent usantes, physiquement et moralement. Elles s’accompagnent fréquemment de fatigue, de troubles du sommeil, et peuvent majorer l’anxiété liée à la maladie.

Ces douleurs nécessitent donc une prise en charge adaptée et pluridisciplinaire, à tous les stades de la maladie, pour éviter qu’elles n’envahissent le quotidien.


Fiches créées par Julia Franken et Camille Racca. Mise à jour le 14-06-2025. 

Sources :