La leuconeutropénie auto-immune

Qu’est-ce que la leuconeutropénie auto-immune ?

Aussi appelée neutropénie auto-immune, cette maladie touche environ 1 % de la population, avec une prévalence accrue chez les nourrissons/jeunes enfants et les femmes de 25-40 ans. Elle se caractérise par une concentration plasmatique en polynucléaires neutrophiles inférieure à 1.5x109/L.

Cette maladie a peu de causes intrinsèques et est souvent la manifestation d’une maladie auto-immune sous-jacente. Chez l’enfant, on parle de leuconeutropénie auto-immune primaire (généralement spontanément résolutive, au bout de quelques années) ou idiopathique. Chez l’adulte, on distingue la leuconeutropénie auto-immune secondaire (généralement définitive).

Ainsi, les leuconeutropénies auto-immunes peuvent être aiguës (moins de 6 mois), alors généralement induites par des médicaments (corticothérapie, chimiothérapie anticancéreuse…) ou des infections virales. Elles peuvent également être chroniques, dans ce cas causées par des maladies sous-jacentes (leucémies à grands lymphocytes granuleux, thymomes), des maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde, lupus érythémateux systémique) ou des syndromes immuns (syndrome ALPS, déficit immunitaire commun variable…).

Le mécanisme physiopathologique derrière cette pathologie est généralement une auto-immunité à IgG. En l’état actuel de la recherche, celle-ci pourrait intervenir lors de l’hématopoïèse (autoréaction d’un anticorps sur les polymorphonucléaires neutrophiles, agglutination et phagocytose) ou par élimination dans la rate (séquestration différentielle et élimination, sur le mode de l’anémie hémolytique auto-immune). Toutefois, il existe des formes de leuconeutropénies auto-immunes non médiées par des IgG (non retrouvés par immunodétections directe et indirecte). On suppose que le mécanisme serait alors l’activation des polynucléaires neutrophiles sur des cellules exprimant la métallopéroxydase à leur membrane. Cela entraînerait une nétose des polynucléaires neutrophiles et l’autoréaction d’anticorps à certains peptides initialement contenus dans leurs granules (permettant l’opsonisation).

 

 

 

 

 

Idée clef 1 : la leuconeutropénie auto-immune est caractérisée par l’élimination excessive des polynucléaires neutrophiles par un mécanisme auto-immun. Elle peut apparaître durant la jeune enfance ou à l’âge adulte, de manière aiguë ou chronique.

Quelles en sont les répercussions ?

Les répercussions de la leuconeutropénie auto-immune sont très variables d’un patient à l’autre et dépendent du contexte et de la gravité de la neutropénie. Une neutropénie post-virale est généralement bien tolérée. Dans le cas des neutropénies chimiotérapeutiquement induites ou des leuconeutropénies chroniques, il peut apparaître une susceptibilité aux infections avec un risque d’infections opportunistes graves.

On peut ainsi voir apparaître une gêne sociale : ces malades doivent souvent mettre en place des gestes barrières (port du masque, désinfection fréquente des mains, distanciation sociale…) qui sont peu tolérés socialement. De plus, certains milieux peuvent devenir dangereux pour ces personnes (de grands rassemblements de personnes n’appliquant pas les règles sanitaires, dans des contextes d’épidémies (grippe saisonnière, bronchite, gastro-entérite…) et leur en empêcher l’accès.

 

 

Idée clef 2 : les répercussions sont très variables d’un malade à l’autre, avec des retentissements sociaux du fait du risque infectieux.

Quelle est la prise en charge ?

La prise en charge dépend fortement de la tolérance et des volontés du malade.

Dans le cas des leuconeutropénies auto-immunes aiguës, la résolution de la cause résout souvent spontanément la neutropénie (résolution d’infection virale, fin de chimiothérapie).

Dans le cas des leuconeutropénies auto-immunes chroniques, le traitement se base souvent sur le traitement de la cause (traitement symptomatique de la polyarthrite rhumatoïde ou du lupus érythémateux systémique)

Enfin, dans le cas des leuconeutropénies auto-immunes chroniques idiopathiques ou sans élément auto-immun clairement identifiable, il s’agit principalement d’un suivi régulier si le patient est peu ou asymptomatique (prise de sang avec numération formule sanguine, plaquettes, C-reactive protein, fibrinogène), avec une prise de sang en urgence en cas de fièvre ou de syndrome infectieux (pour quantifier l’aggravation de la leuconeutropénie). Une leuconeutropénie inférieure à 500/mm3 indique généralement un myélogramme et un traitement par immunosuppresseurs (e.g. methotrexate) ou, plus généralement, par stimulateurs de la prolifération des polynucléaires neutrophiles (G-CSF en prophylaxie).

Dans les situations d’urgence, des corticostéroïdes ou des gammaglobulines en intraveineuse sont indiqués.

 

 

 

Idée clef 3 : le traitement de la leuconeutropénie auto-immune est principalement un traitement de l’étiologie sous-jacente, associée à une surveillance de la biologie et un traitement médicamenteux si elle devient symptomatique.