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La dépression

1. Qu’est-ce que la dépression ?

La dépression est un trouble psychique dont les symptômes, par leur intensité et leur fréquence, peuvent perturber profondément le fonctionnement global de la personne et altérer considérablement sa qualité de vie.

Elle se manifeste notamment par une humeur triste, un sentiment de vide et/ou une irritabilité marquée. Elle peut également s’accompagner :

  • de symptômes physiques, tels qu’une perte d’appétit, des troubles du sommeil ou un ralentissement moteur ;
  • de troubles cognitifs, comme des difficultés de concentration ou des troubles de la mémoire.

On distingue plusieurs formes de dépression. Le DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5ᵉ édition) les classe selon différents critères.

Selon les symptômes :

  • Trouble dépressif majeur (ou dépression majeure) : forme la plus connue, caractérisée par des épisodes dépressifs intenses.
  • Trouble dépressif persistant (ou dysthymie) : forme chronique, avec des symptômes moins marqués mais durables.
  • Autres troubles dépressifs : spécifiés ou non, qui ne correspondent pas pleinement aux catégories précédentes, mais en présentent les caractéristiques.

Selon la cause identifiée (étiologie) :

  • Trouble dysphorique prémenstruel : en lien avec les fluctuations hormonales précédant les règles.
  • Trouble dépressif dû à une affection médicale : secondaire à une maladie sous-jacente (neurologique, endocrinienne...).
  • Trouble dépressif induit par une substance ou un traitement : lié à la prise de médicaments, de drogues ou à une intoxication.

2. À quoi est-elle due ?

Les causes exactes de la dépression ne sont pas totalement élucidées. Il s’agit d’un trouble multifactoriel, résultant d’interactions complexes entre des mécanismes biologiques, psychologiques et sociaux.

La dépression est notamment associée à un dysfonctionnement cérébral, en particulier à une perturbation de la production et du fonctionnement de certains neurotransmetteurs (comme la sérotonine ou la dopamine), essentiels à la régulation de l’humeur. Il ne s’agit en aucun cas d’un manque de volonté.

Parmi les facteurs impliqués, on retrouve également :

  • une prédisposition génétique (hérédité),
  • des troubles neuroendocriniens (notamment hormonaux),
  • des facteurs psychosociaux tels que le stress, les événements de vie difficiles, ou l’isolement.

3. Qui peut être concerné ?

La dépression est l’un des troubles psychiques les plus fréquents. On estime qu’environ 15 à 20 % de la population vivra un épisode dépressif au cours de sa vie. À l’échelle mondiale, près de 5 % des adultes sont actuellement concernés.

Les femmes sont 1,5 à 3 fois plus touchées que les hommes, du fait notamment de facteurs hormonaux, psychologiques et sociaux.

Les personnes ayant déjà traversé un épisode dépressif sont plus à risque d’en vivre un autre à un moment de leur vie.

4. Comment est-elle diagnostiquée ?

Le diagnostic de la dépression est posé par un médecin, le plus souvent un psychiatre, mais tout médecin formé peut le faire. Les psychologues peuvent repérer les signes évocateurs et en proposer l’hypothèse, mais seul un médecin est habilité à poser un diagnostic formel.

Ce diagnostic repose avant tout sur un entretien clinique, c’est-à-dire un échange approfondi entre le médecin et la personne concernée. Des questionnaires ou échelles d’évaluation peuvent être utilisés en complément.
Selon le DSM-5, le trouble dépressif majeur est diagnostiqué si :

  • Les symptômes sont présents presque tous les jours depuis au moins deux semaines.
  • Cinq symptômes ou plus doivent être présents parmi les suivants :
    • humeur dépressive,
    • perte d’intérêt ou de plaisir,
    • modification significative du poids,
    • troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie),
    • agitation ou ralentissement psychomoteur,
    • fatigue ou perte d’énergie,
    • sentiment de dévalorisation ou de culpabilité,
    • difficultés de concentration ou indécision,
    • idées de mort récurrentes.

Au moins un des symptômes doit être une humeur dépressive ou une perte d’intérêt.

  • Ces symptômes doivent entraîner une détresse significative ou une altération du fonctionnement (familial, social, professionnel...).
  • D’autres causes doivent être écartées (autres troubles psychiques, maladies, substances...).

5. Quels en sont les retentissements ?

La dépression peut avoir des répercussions profondes sur la vie quotidienne.

Sur le plan émotionnel et psychologique, elle provoque souvent un épuisement mental, des pensées négatives persistantes, un repli sur soi, et un isolement social. Les relations amicales, familiales ou professionnelles peuvent en souffrir, avec un sentiment d’incompréhension renforçant la détresse.

La vie intime est souvent impactée, avec une baisse de la libido et des tensions conjugales. Dans le quotidien, les actes les plus simples (se lever, s’habiller, se nourrir, aller travailler) deviennent difficiles. Ruminations, fatigue extrême, et troubles cognitifs aggravent ces difficultés. Cela peut mener à un absentéisme et à une perte de motivation généralisée.
Des idées suicidaires, une grande anxiété, ou encore la consommation de substances (alcool, drogues) peuvent également survenir, mettant parfois la vie en danger.

6. Quelle prise en charge ?

A. Psychothérapie

La première étape de la prise en charge repose souvent sur la psychothérapie, menée par un psychologue ou un psychiatre formé à cet accompagnement.

Comment y accéder ?

Des structures comme les Centres Médico-Psychologiques (CMP) proposent une prise en charge pluridisciplinaire (psychiatres, psychologues, infirmiers) entièrement prise en charge par la sécurité sociale. Toutefois, les délais d’attente peuvent être longs (parfois plus d’un an).

En alternative, des consultations en libéral sont possibles, mais impliquent un coût. Certaines mutuelles peuvent prendre en charge quelques séances. Le dispositif Mon Soutien Psy permet également d’accéder à jusqu’à 12 séances remboursées chez un psychologue partenaire sous certaines conditions.

Les types de psychothérapies recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans la dépression sont :

  • la psychothérapie de soutien,
  • les thérapies cognitivo-comportementales (TCC),
  • les psychothérapies psychodynamiques (ou d’inspiration analytique)

Le lien de confiance entre la personne et le thérapeute est un facteur essentiel de réussite (on parle d’alliance thérapeutique).


B. Traitement médicamenteux

En cas de symptômes sévères, ou si la psychothérapie seule ne suffit pas, des antidépresseurs peuvent être prescrits. Leur choix dépend du profil du patient et nécessite une information claire sur les bénéfices attendus et les effets secondaires potentiels.


C. Autres approches complémentaires

D’autres outils peuvent compléter la prise en charge :

  • méditation, relaxation,
  • groupes de parole,
  • ateliers d’éducation thérapeutique (ETP),
  • hypnose,
  • remédiation cognitive si nécessaire.


D. Traitements spécifiques des formes résistantes

En cas de résistance aux traitements classiques, des approches spécialisées peuvent être envisagées :

  • sismothérapie (ou électroconvulsivothérapie), sous anesthésie générale, consiste à envoyer une impulsion électrique sur certaines zones du cerveau, au cours de séances répétées.
  • stimulation magnétique transcrânienne (rTMS) repose sur l’application d’impulsions magnétiques indolores sur le cortex préfrontal, zone impliquée dans la régulation des émotions. À noter que cette zone diffère de celle ciblée dans le traitement de la douleur chronique résistante.


E. Hospitalisation

Une hospitalisation en psychiatrie peut être nécessaire si le risque suicidaire est important, ou si un environnement toxique aggrave les symptômes. Elle permet un ajustement thérapeutique et un temps de repos encadré par des professionnels de santé.

En cas de souffrance psychique, ne restez pas seul. N’hésitez pas à consulter un professionnel de santé ou à vous rendre aux urgences.


Il existe également des lignes d’écoutes :