Draw Your Fight

Le rhumatisme psoriasique (RP)

Le rhumatisme psoriasique (RP) est une maladie inflammatoire chronique qui peut toucher le dos, les hanches ou l’ensemble des articulations. Elle se manifeste par des douleurs et des gonflements articulaires survenant par poussées. Elle est fréquemment associée à un antécédent personnel ou familial de psoriasis, touchant la peau, le cuir chevelu ou les ongles.

Le rhumatisme psoriasique est une maladie chronique, c’est-à-dire qu’elle évolue sur le long terme. Il fait partie des spondyloarthrites, un groupe de maladies inflammatoires chroniques touchant le squelette axial et/ou les articulations périphériques.

On distingue principalement deux formes :

  • Forme axiale : elle affecte principalement la colonne vertébrale ;
  • Forme périphérique : elle implique les articulations des membres (mains, pieds, genoux, etc.).

En France, environ 93 000 personnes sont concernées par le RP, avec une prévalence similaire chez les hommes et les femmes. Les symptômes apparaissent généralement entre 30 et 50 ans. On estime qu’environ 20% des personnes atteintes de psoriasis développeront un rhumatisme psoriasique. Dans près de 80 % des cas, le psoriasis cutané précède l’apparition du rhumatisme.

1. Quels sont les symptômes d''un rhumatisme psoriasique ?

Les symptômes du rhumatisme psoriasique peuvent varier d'une personne à l'autre et incluent :

  • Douleurs articulaires : Souvent asymétriques, elles peuvent toucher les grosses articulations (genoux, hanches) ainsi que les petites articulations des mains et des pieds.
  • Raideur matinale : Une raideur qui dure plus de 30 minutes au réveil.
  • Enthésite : Inflammation des enthèses (points d'attache des tendons et ligaments sur les os), provoquant douleur et gonflement.
  • Dactylite : Gonflement des doigts ou orteils.
  • Cervicalgies ou dorsalgies : le rachis peut être atteint sous la forme de cervicalgies ou de dorsalgies et/ou de lombalgies d’horaire inflammatoire.
  • Fatigue : Un sentiment de fatigue persistante qui peut accompagner l'inflammation.
  • Atteinte cutanée : Plaques squameuses de psoriasis sur la peau ou les ongles.
  • Inflammation oculaire : Uvéite ou autres manifestations extra-articulaires.

2. Comment est il diagnostiqué ?

Le diagnostic du rhumatisme psoriasique repose sur plusieurs étapes :

  • Examen clinique : Un dermatologue ou un rhumatologue doit évaluer les symptômes du patient, rechercher des signes de psoriasis cutané et évaluer l'étendue de l'atteinte articulaire.
  • Tests biologiques : Une prise de sang permet de mesurer la vitesse de sédimentation (VS) et la protéine C-réactive (CRP), qui sont des marqueurs d'inflammation. Contrairement à d'autres formes de rhumatismes, il n'existe pas de marqueur spécifique pour le RP.
  • Imagerie médicale : Des radiographies ou IRM peuvent être réalisées pour évaluer l'atteinte articulaire dans les zones douloureuses (mains, pieds, colonne vertébrale).

3. Quel prise en charge ?

Le rhumatisme psoriasique nécessite une approche pluridisciplinaire. Elle vise à soulager les symptômes, prévenir les poussées, limiter les dommages articulaires et améliorer la qualité de vie. Il repose sur une approche personnalisée, adaptée à la forme de la maladie (axiale, périphérique, enthésite, dactylite), à sa sévérité et à la réponse aux traitements.

 

Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) :

  • Pour soulager la douleur et réduire l’inflammation (ex. ibuprofène, naproxène, diclofénac).
  • Utiles au début de la maladie ou en complément d’un traitement de fond.

Corticoïdes

  • Utilisés ponctuellement en cas de poussées inflammatoires sévères.
  • Administration orale ou locale (infiltration intra-articulaire).
  • Usage limité dans le temps en raison des effets secondaires.

Antalgiques conventionnels 

  • Indiqués pour le soulagement de la douleur, en particulier en complément d’un traitement de fond.
  • Paracétamol en première intention.
  • Les antalgiques de palier 2 (ex. tramadol, codéine) peuvent être utilisés en cas de douleurs modérées à sévères.
  • Les opioïdes forts sont rarement indiqués dans le RP, sauf situations exceptionnelles, et avec une évaluation rigoureuse du rapport bénéfice/risque.

Les traitements de fond conventionnels (csDMARDs)

  • Le méthotrexate est le plus couramment utilisé.
  • Ces traitements permettent de réduire l’inflammation chronique et de prévenir les déformations articulaires.
  • Ils peuvent également améliorer les manifestations cutanées du psoriasis.
  • Une surveillance régulière est nécessaire, notamment hépatique et hématologique, en raison des effets secondaires potentiels.

Les biothérapies (bDMARDs)

  • Indiquées en cas de forme modérée à sévère du rhumatisme psoriasique ou en cas d’échec des traitements conventionnels (csDMARDs) ; 
  • Elles agissent en ciblant spécifiquement certaines molécules clés de l’inflammation (ex. TNF, IL-17, IL-23) :
  • Ces traitements sont prescrits sous surveillance spécialisée, souvent par un rhumatologue ou un dermatologue.

Les traitements ciblés synthétiques (tsDMARDs)

  • Basés sur les inhibiteurs de JAK (Janus Kinase), ces traitements bloquent les voies de signalisation intracellulaires de l’inflammation ;
  • Administrés par voie orale, ils constituent une alternative en cas de résistance ou d’intolérance aux biothérapies ; 
  • Ils nécessitent une évaluation rigoureuse avant prescription, notamment pour le risque infectieux

Rééducation fonctionnelle et kinésithérapie

  • Des programmes de rééducation permettent de maintenir la mobilité articulaire et de réduire la raideur.
  • Les séances de kinésithérapie sont essentielles pour préserver la souplesse articulaire, renforcer les muscles et améliorer l’équilibre.
  • Elles peuvent inclure des exercices de renforcement musculaire, d’étirement et de mobilisation articulaire.

Activité physique adaptée

  • Une activité physique régulière et adaptée aide à préserver la mobilité, à améliorer l’endurance et à réduire les douleurs.
  • Des sports doux comme la natation, le vélo, la marche ou le tai-chi sont souvent recommandés.
  • L’objectif est de bouger sans aggraver l’inflammation.

Soutien psychologique

  • Le rhumatisme psoriasique peut avoir un impact émotionnel important.
  • Un accompagnement psychologique ou une thérapie de soutien peut aider à mieux gérer la douleur chronique, la fatigue et les bouleversements liés à la maladie.

Autres mesures complémentaires

  • Application de la chaleur et de froid : Le chaud détend les muscles et soulage les raideurs. Le froid peut réduire l’inflammation et calmer les douleurs aiguës.
  • Techniques de relaxation : Le stress peut aggraver les symptômes. Des pratiques comme le yoga, la méditation, la sophrologie ou la respiration profonde peuvent améliorer le bien-être global.
  • Alimentation équilibrée : Une alimentation riche en acides gras oméga-3 (poissons gras, noix) et en antioxydants (fruits, légumes) peut avoir un effet anti-inflammatoire. Il est conseillé de limiter l’alcool, les sucres rapides et les aliments ultra-transformés.
  • Orthèses et aides techniques : L’utilisation d’attelles, de cannes ou de béquilles peut aider à soulager les articulations douloureuses, prévenir les déformations et faciliter les déplacements.


Fiche rédigée par Francine Taillandier et relue par Camille Racca. Mise en ligne le 07-06-2025

Sources :