Un point sur la prise en charge de la douleur

Des progrès et de nombreuses voies d’amélioration possibles…

D’après la Haute Autorité de Santé, la douleur est le premier motif de consultation dans les services d’urgence et auprès des médecins généralistes. Ainsi, il y a quelques semaines, le Sénat a organisé une audition commune pour faire un point sur sa prise en charge. 

Aux côtés de trois spécialistes, il a analysé les progrès récents ainsi que les attentes des patients et des professionnels de santé en la matière. Nous avons donc analysé le compte rendu de cette audition, ainsi que différents rapports émis récemment par les autorités sanitaires, et nous vous proposons d’en découvrir les points clefs. 


 

1- En France, comment est organisée la prise en charge de la douleur ? 

Il existe plusieurs types de douleur : aiguë, subaiguë, chronique. Une douleur chronique persiste au-delà de trois mois et a de multiples répercussions dans la vie quotidienne notamment sociales et professionnelles. La prise en charge de la douleur est donc adaptée en fonction de son évolution

En aigüe, elle révèle généralement d’une prise en charge ponctuelle par la médecine de ville ou les services d’urgence. A contrario, dans la douleur chronique, elle nécessite un suivi au long cours qui dépend de la complexité de la situation. À ce sujet, la Haute Autorité de Santé a défini un parcours gradué en trois niveaux. Il s'appuie en premier sur la médecine de ville avec un niveau 1 reposant essentiellement sur les médecins traitants et l’équipe de soins primaires. Si nécessaire, il peut être complété d’un recours au niveau 2 puis au niveau 3 avec notamment une prise en charge dans les centres d’évaluation et de traitement de la douleur qui s’occupent de tous les types de douleur chronique rebelle.


 

Prise en charge douleur

2- Quelles sont les avancées récentes en matière de prise en charge de la douleur ? 

Ces dernières années, plusieurs thérapeutiques se sont développées pour atténuer les douleurs chroniques. On peut notamment citer la neurostimulation médullaire qui consiste à diminuer le message douloureux grâce à l'implantation d’une électrode positionnée en regard de la moelle épinière et d’un boîtier générant un courant de faible intensité. Elle est de plus en plus utilisée dans la prise en charge des douleurs neuropathiques, qui sont liées à des lésions du système nerveux.

Bien qu’elle soit encore peu accessible en France, ces dernières années ont également permis le développement de l’analgésie intrathécale. Elle consiste à délivrer les médicaments destinés à atténuer la douleur directement dans le liquide qui entoure la moelle épinière. Elle s’adresse particulièrement aux personnes souffrant de douleurs réfractaires liées à un cancer évolutif.


 

Errance douleur chronique

3- Actuellement, quelles sont les problématiques qui persistent ? 

Durant l’audition au Sénat, plusieurs problématiques ont été soulevées par le Pr Valéria MARTINEZ, présidente de la société d’études et de traitements de la douleur, ainsi que le Dr Marc LÉVÊQUE, neurochirurgien et spécialiste de la douleur. En voici trois d’entre elles: 

Actuellement, les personnes présentant des douleurs chroniques sont orientées tardivement vers les structures spécialisées, après une errance diagnostique et thérapeutique de cinq ans en moyenne. Or plus, plus la prise en charge est tardive, plus la situation est complexe et les possibilités d'amélioration limitées.

La pénurie des médecins spécialisés restreint également l’accès aux structures dédiées à la douleur chronique. Ainsi, à l’heure actuelle, les structures de prise en charge de la douleur ne peuvent couvrir que 1,5 % de la population souffrant de douleurs chroniques alors que près de 5 % de cette population représentent des cas complexes qui pourraient bénéficier de l'expertise et des techniques spécifiques offertes par ces unités spécialisées.

Enfin, les consultations et les actes liés à la prise en charge de la douleur sont peu valorisés par la sécurité sociale. Certains actes n’existent même pas dans les codages qui permettent de déterminer la tarification, telle que la neuro-stimulation magnétique transcrânienne (rTMS). Les centres hospitaliers rencontrent donc des difficultés à faire l'acquisition de ces matériels coûteux. Pourtant, cette technique est recommandée par les sociétés savantes et permet de soulager un patient sur deux. 

Ce ne sont que quelques exemples des problématiques actuelles et pour lesquelles les patients ainsi que les professionnels espèrent des solutions…


 

Prise en charge douleur actualite

En bref : La prise en charge de la douleur en France

  • La prise en charge de la douleur est adaptée en fonction de son évolution. 
  • Dans la douleur chronique, elle nécessite un suivi au long cours qui dépend de la complexité de la situation. En fonction de celle-ci, la HAS définit 3 niveaux
  •  Ces dernières années, plusieurs thérapeutiques se sont développées pour atténuer les douleurs chroniques. Mais, elles restent souvent difficilement accéssibles en France.
  • L'errance diagnostic et thérapeutique dans les douleurs chroniques est fréquente : il faut en moyenne 5 ans avant d'être orienté vers une structure spécialisée

Sources :

  • Sénat. Audition commune sur la prise en charge de la douleur. 2023
  • Haute Autorité de Santé. Guide : Parcours de santé d’une personne présentant une douleur chronique. 2023.
  • Agence régionale de Santé Hauts de France. Prise en charge de la douleur chronique. 2023. 
  • Revue médicale suisse. Traitement des douleurs chroniques par la stimulation médullaire. 2016.
  • Centre National Ressources Douleur. Analgésie intrathécale : indications, mise en place et suivi. 2019